Aller au contenu principal

Les Juifs contre Pie XII !

27 décembre 2009

Beaucoup en parlent depuis la décision de Benoît XVI de reconnaître le caractère héroïque de ses vertus, mais la plupart ignorent ce qui est effectivement écrit sous le portrait de Pie XII dans le musée Yad Vashem à Jérusalem.

Voici donc ce texte, afin que chacun puisse évaluer l’état d’esprit  qui domine en Israël vis-à-vis du pape « d’Hitler » :

« La réaction de Pie XII au massacre des Juifs est objet de controverse. En 1933, alors qu’il était secrétaire d’État du Vatican, il prit une part active dans l’établissement d’un concordat avec le régime allemand pour garantir les droits de l’Église en Allemagne, même si cela signifiait la reconnaissance du régime nazi raciste.

Élu pape en 1939, il fit disparaître une lettre contre le racisme et l’antisémitisme préparée par son prédécesseur.

Même lorsque des rapports sur le massacre des Juifs parvinrent au Vatican, le pape ne protesta, ni verbalement, ni par écrit.

En décembre 1942, il s’abstint de signer une déclaration des Alliés condamnant l’extermination des Juifs.

Quand les Juifs furent déportés de Rome vers Auschwitz, le pape n’intervint pas.

Le pape conserva sa position de neutralité tout au long de la guerre, à l’exception, vers la fin, d’appels aux gouvernants de Hongrie et de Slovaquie. Son silence et l’absence de directives mit les gens d’Église de toute l’Europe dans l’obligation de réagir de leur propre initiative ».

21 commentaires leave one →
  1. 27 décembre 2009 12:11

    La fausse polémique initiée par les sionistes au sujet de Pie XII est une action anticatholique car si ce pape n’a rien dit, il a FAIT:

    Quelques faits historiques rappelant la gratitude des Juifs à l’égard de Pie XII.
    • 13 février 1945, Israële Zolli (1881-1956), Grand Rabbin de Rome, se convertit au catholicisme et prend pour nom de baptême Eugène, en hommage à Eugène Pacelli, alias Pie XII.
    • 7 septembre 1945. Giuseppe Nathan, commissaire de l’Union des communautés israélites, rend grâce « au souverain Pontife, aux religieux et aux religieuses qui n’ont vu dans les persécutés que des frères, selon les indications du Saint-Père » (L’ Osservatore Romano, 8-9-1945) ».
    • 21 septembre 1945. Le docteur Leo Kubowitski, secrétaire du Congrès Juif Mondial, est reçu par Pie XII afin de lui présenter ses remerciements pour l’oeuvre effectuée par l’Eglise Catholique dans toute l’Europe en défense du peuple juif. (L’ Osservatore Romano, 23-9-1945).
    • 11 octobre 1945. Le Congrès juif mondial offre 20 000 dollars au Vatican en reconnaissance des efforts de la Sainte Eglise catholique romaine dans le sauvetage des Juifs persécutés par le nazisme et le fascisme (New-York Times, 11 octobre 1945).
    • 29 novembre 1945. Le pape reçoit 80 délégués des réfugiés juifs, provenant de camps de concentration allemands, « très honorés de pouvoir remercier personnellement le Saint-Père, pour la générosité qu’il leur a démontrée pendant la terrible période nazie ».
    • 26 mai 1955. 94 musiciens juifs, de l’orchestre philharmonique d’Israël, sous la direction de Paul Kletzki, ont joué sous les fenêtres du Vatican « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par le Pape pour sauver un grand nombre de juifs pendant la seconde guerre mondiale ».
    • 9 Octobre 1958. A la mort de Pie XII, le Premier Ministre Israélien Golda Meir déclare : « Pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs… Nous pleurons un grand serviteur de la paix ».
    • 10 Octobre 1958. Le Dr. Elio Toaff, Grand Rabbin de Rome, déclare : « Les juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise catholique a fait pour eux sur l’ordre du Pape au moment des persécutions raciales ». Il ajouta : « de nombreux prêtres ont été emprisonnés et ont sacrifié leur vie pour aider les juifs ». (Le Monde 10.10.1958).
    • 1963. M. Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan du vivant de Pie XII, déclare au journal Le Monde : « Je peux affirmer que le pape, le Saint-Siège, les nonces et toute l’Eglise catholique ont sauvé de 150.000 à 400.00 juifs d’une mort certaine… L’église catholique sauva davantage de vies juives pendant la guerre que toutes les autres églises, institutions religieuses et organisations de sauvetage réunis ». (Le Monde le 13.12.1963).
    • 1975. Le Dr Safran, Grand Rabbin de Roumanie, a estimé à 400.000, les juifs de Roumanie sauvés de la déportation par l’œuvre de St Raphaël organisée par Pie XII. « La médiation du Pape sauva les juifs du désastre, à l’heure où la déportation des Roumains était décidée » (Pie XII face aux nazis, Charles Klein – S.O.S. 1975).
    • 16 Février 2001. Le grand rabbin de New York, David Dalin, déclare que Pie XII était injustement attaqué alors qu’il peut être considéré comme “un juste”, aux yeux des Juifs. « Il fut un grand ami des Juifs et mérite d’être proclamé “Juste parmi les Nations” parce qu’il a sauvé beaucoup de mes coreligionnaires, bien plus même que Schindler… Selon certaines statistiques, au moins 800.000″. Il rend hommage à l’écrivain Antonio GASPARI pour son ouvrage « Les juifs sauvés par Pie XII » et rappelle qu’ »au cours des mois où Rome a été occupée par les nazis, Pie XII a donné pour instruction au clergé de sauver des juifs par tous les moyens ». Lorsqu’on a remis au cardinal Palazzini la médaille des « justes » pour avoir sauvé des juifs, il affirmait : « le mérite en revient entièrement à Pie XII » ». Le Grand Rabbin Dalin conclut : « Jamais un pape n’a été autant félicité par les Juifs. Immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale et durant les années qui ont suivi, des centaines de manifestations d’estime envers Pie XII ont été apportées à son égard de la part des plus hautes autorités d’Israël depuis Mme Golda Meir et le Grand Rabbin de Jérusalem, jusqu’au Grand Rabbin de Rome, Elio Toaff » (Interview au Weekly Standard).
    • 13 Octobre 2008 : Plusieurs Juifs italiens témoignent devant les caméras avoir été sauvés par des membres de l’Eglise, avec le soutien de Pie XII, lors des persécutions nazies. Parmi eux, Emanuele Pacifici, le fils de Riccardo Pacifici, rabbin de Gênes durant la guerre. »

    Et qu’on fait les Alliés qui connaissaient l’existence des camps d’extermination dès 1942? RIEN. Pourquoi n’ont-ils jamais bombardé ces camps et surtout les voies ferrées qui y conduisaient? En voilà une bonne question.

  2. Aloïs permalink
    27 décembre 2009 13:19

    Morale : il faut toujours être vigilant lorsqu’on choisit des amis…

  3. brunsw permalink
    27 décembre 2009 15:35

    Une petite blague pour illustrer ce qui arrive à Pie XII :

    Simon rentre dans le bar qui se trouve en face de son magasin. Il s’adresse au barman noir, et lui dit :

    – Sers-moi un whisky, sale nègre.

    Le barman, habitué à garder son calme lui répond :

    – Dites-moi, ce n’est pas très gentil M. Simon. Supposez que j’agisse de la même manière avec vous, vous le prendriez peut-être très mal !

    Simon Choukroun lui répond :

    – On n’a qu’à essayer : je vais derrière le bar, et toi tu fais le client.

    Le noir approche du comptoir et dit :

    – Sers-moi un whisky sale juif !

    Simon répond :

    – Je regrette, mais ici, on ne sert pas les nègres.

  4. DST permalink
    27 décembre 2009 15:40

    C’est vrai que ça ressemble beaucoup à de l’ingratitude. Ou alors, les juifs sachant que Pie XII n’était pas dupe concernant certaines fables, ne peuvent accepter que l’Eglise le rende trop populaire.

  5. RTBF permalink
    27 décembre 2009 15:56

  6. Norenda permalink
    27 décembre 2009 19:43

    @ DST

    Pie XII était arrivé en Allemagne en tant que nonce en 1917. Il se souvenait des fausses nouvelles véhiculées pendant la première Guerre mondiale. Il se méfiait donc de façon constante de la propagande.

  7. iron permalink
    27 décembre 2009 20:57

    Béatifier Pie XII était à la portée de n’importe quel pape obscurantiste et rétrograde.

  8. marzxy permalink
    27 décembre 2009 21:00

    Pie XII est inexcusable dans son comportement pro-allemand, mais c’est aussi le pape qui a soutenu sans réserve Franco en déclarant l’Espagne franquiste « patrie élue de dieu » !

  9. sixte permalink
    27 décembre 2009 22:46

    Voilà une excellente définition de ce que fut l’Espagne du temps de Franco : la « Patrie élue de Dieu » ! Pie XII voyait juste, il n’est pas vénérable de l’Eglise pour rien. Prions-le !

  10. Koopa Troopa permalink
    28 décembre 2009 09:44

    Le soutien de Pie XII à Franco (qui fit perdre Hitler mais passons) était déjà préférable au non-soutien de l’inepte Pie XI.

  11. marin permalink
    13 mars 2010 10:34

    Lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne (1933),
    cela faisait [b]déjà près de cinq ans (1928) que le Saint-Siège avait condamné l’antisémitisme en termes exprès.

    Puis, le 14 mars 1937, le pape Pie XI publie la lettre encyclique Mit brennender Sorge concernant la situation dans le Reich. Il y invite à la tolérance pour toutes les communautés ethniques, dénonce la persécution et les camps de concentration, ainsi que les intrigues visant dès le début à une guerre d’extermination.
    C’est clair et net.

    Le rédacteur principal de ce document n’est autre que
    l’ancien nonce apostolique en Allemagne, le cardinal Eugenio Pacelli, futur pape Pie XII et à ce moment encore secrétaire d’État du Vatican.

    Les démocraties occidentales semblent ne pas s’en soucier : plus d’un an après, ils en sont toujours à faire des concessions à Hitler, ainsi qu’il ressort de la fameuse conférence de München (29/30 septembre 1938).

    Peu après, à savoir le 9 novembre 1938, les Nazis usent de
    représailles pour l’assassinat d’un diplomate allemand à Paris par un Juif : ils organisent la « Nuit de Cristal » au cours de laquelle quelque 30.000 Juifs sont arrêtés, leurs synagogues, maisons ou magasins pillés et incendiés. Mais l’une des choses quasiment jamais mentionnées, c’est que le grand rabbin de Bavière était parvenu à sauver les objets précieux de la synagogue grâce à la voiture du cardinal Pacelli, mise à sa disposition pour les mettre à l’abri.

    Aussi, le 24 novembre 1938, le journal des sinistres S.S.,
    Das schwarze Korps, [b]écrit que le cardinal Eugenio Pacelli s’est allié « à la cause de l’internationale juive[/b] et franc-maçonne » (sic).
    Hitler estime, quant à lui, que le Vatican est « le pire foyer de résistance » à ses plans.
    Qui donc, parmi les pays et les hommes politiques, pourrait se vanter d’avoir reçu un tel compliment ?

  12. Francine permalink
    2 janvier 2011 13:50

    article de Monseigneur René Laurentin

    Depuis la fameuse pièce « le Vicaire », des attaques calomnieuses sont sans cesse réitérées contre Pie XII comme s’il avait abandonné les juifs persécutés sous Hitler.

    Des études, renouvelées, manifestent au contraire que la défense des juifs fut son souci dominant, et que ses diverses actions, par son corps diplomatique et de manière risquée, sauvèrent environ 800 000 vies juives.

    S’il ne fit pas de déclaration solennelle, c’est que la protestation des évêques hollandais contre la rafle des juifs dans leurs pays avait provoqué un nouveau durcissement du tout puissant führer. C’est pourquoi Pie XII se replia sur des actions diplomatiques et directes sur tous les terrains possibles.

    Après les 8 volumes d’études sur toutes les archives accessibles qui établissaient l’action constante de Pie XII en faveur des juifs, le professeur Thomas Brechenmacher éclaire sous un jour nouveau la réflexion intime de Pie XII, avant son élection pontificale. Il analyse l’évolution positive de la théologie du futur Pie XII vis-à-vis des juifs, comme secrétaire de Pie XI au temps où Hitler écrivait Mein Kampf et préparait son coup d’état,(point)

    Eugenio Pacelli comprenait la nécessité d’approfondir la théologie du peuple élu et préparait,(pas de virgule) les déclarations de Vatican II opposées aux survivances de l’antisémitisme chrétien.

    Des jésuites préparèrent alors une encyclique sur la question. Ils l’avaient fondée sur la déclaration du concile œcuménique Latran IV (1215):

    « l’ Eglise doit protéger les chrétiens contre l’influence corruptrice des juifs et protéger les juifs face aux actes de violence des chrétiens ». Le projet fut rejeté parce que la première partie risquait de donner des armes à l’antisémitisme qu’il s’agissait d’éradiquer ainsi qu’aux diffamations nazies. Pie XII épousa sans relâche le combat de l’Eglise contre l’antisémitisme populaire et contre le racisme.

    Sous Pie XI, le futur Pie XII participa à la promulgation de la déclaration du Saint Office : « C’est aux juifs qu’a été adressée la promesse divine… l’Eglise prie pour eux ».

    Le jour même où Hitler visita Mussolini à Rome, le 3 mai, il autorisa la publication par les séminaires et universités d’un texte contre le racisme invitant à combattre cette hérésie « extrêmement dangereuse ».

    En 1930, l’encyclique de Pie XI Mit brennender Sorge contre la pensée d’Hitler rappelait déjà que l’ancienne alliance était porteuse de la Révélation. Les juifs rendirent hommage à l’attitude du Saint Siège, alors leur meilleur défenseur. Pie XII adhérait pleinement à la fameuse déclaration de Pie XI : « Nous sommes spirituellement des sémites ».
    Durant la guerre, sous la botte hitlérienne, aucune des grandes voix ordinairement courageuses ne s’éleva contre l’antisémitisme d’Hitler. Ni Mauriac, ni Sartre, ni De Gaulle ni aucune grande puissance associative ne se firent entendre : c’était risquer la mort. Seuls les évêques français (après les hollandais) osèrent élever la voix.

    En 1942, le cardinal Saliège, totalement paralysé, fulmina contre la persécution des juifs. Les allemands n’osèrent pas l’envoyer en camp de concentration car il serait mort avant d’y arriver. Sa déclaration fut répercutée par trente semaines religieuses et non par les médias. En même temps et en plein accord, le cardinal Gerlier négocia courtoisement et adroitement, en avocat professionnel surdoué avec Pétain et Laval et obtint l’annulation de la nouvelle loi qui aurait mis les juifs hors la loi, et (phrase trop longue) cette abolition sauva la vie de 100 000 juifs français menacés, comme l’a reconnu ouvertement Klarsfeld, le grand défenseur des juifs, en pleine désolidarisation du mouvement antichrétien lancé par le « vicaire ».

    On sait aujourd’hui avec précision que la moitié des 8000 juifs de Rome s’abrita dans les couvents, sur ordre confidentiel de Pie XII.

    Le grand Rabbin de Rome touché par son action se convertit au catholicisme et devint professeur à l’institut biblique pontifical de Rome. C’est ce qu’on n’a pas pardonné à Pie XII. On n’en finirait pas d’énumérer le reste.

    Un nouveau bilan vient d’être dressé par Andréa Tornielli

    Traduction publiée sous le titre Pie XII, éditions du Jubilé (810 pages).

  13. Francine permalink
    2 janvier 2011 14:03

    Pourquoi la « question Pie XII »?
    Par Frédéric Le Moal le dimanche 8 novembre 2009.

    Pie XII continue de déchaîner les passions. Mais pourquoi existe-t-il une « question Pie XII » ? Comment expliquer la férocité dont ce pape est l’objet depuis quarante ans, lui dont la mort suscita une émotion comparable à celle de Jean-Paul II ? Le but de cette étude n’est pas d’être exhaustive mais simplement de lancer quelques pistes de réflexion.

    Les travaux historiques les plus récents s’interrogent sur le rôle de l’Union soviétique, de ses services secrets et de ses relais en Europe occidentale, notamment dans la rédaction de la pièce le Vicaire, qui, on le sait, constitue un point de rupture fondamental. Cette question mérite des approfondissements que les archives soviétiques, espérons-le, apporteront. Il n’en demeure pas moins qu’on se trouve ici dans une constante de la politique soviétique et du communisme, bien décrite par François Furet dans Le passé d’une illusion : l’instrumentalisation de l’antifascisme, par laquelle l’ennemi est associé au fascisme pour mieux le discréditer et l’affaiblir. On comprend l’intérêt d’une telle campagne pour les communistes, notamment dans leur lutte contre l’Eglise catholique dans les démocraties populaires.

    En outre, il faut noter que de très virulentes et précoces attaques sont venues du monde catholique lui-même. Emmanuel Mounier ouvre le bal dès 1939 en dénonçant les silences pontificaux au sujet de l’invasion de l’Albanie par l’Italie fasciste. Les courants les plus progressistes reprennent les critiques dans les années 1950 et surtout 1960, au moment des débats passionnés qui agitent l’Eglise du Concile. Pie XII devient alors le type même du pape-roi, dont beaucoup ne veulent plus. Ses aspects les plus modernes sont effacés au profit d’une image de conservateur, et même de réactionnaire. La condamnation de l’antijudaïsme par Vatican II fait le reste. Pour certains, l’Eglise préconciliaire étant mauvaise parce qu’anti-judaïque, voire antisémite, son pape ne pouvait que l’être. Sa nature apparemment froide et hiératique qui tranche avec celle du « bon pape » Jean XXIII ne joue pas non plus en sa faveur. Dans son étude très dense et documentée sur la « question Pie XII », l’historien Alessandro Angelo Persico met en lumière l’influence du Concile, et de son herméneutique, sur les études du pontificat pacellinien. Aujourd’hui, une nécessité s’impose, celle de « dépasser l’horizon du débat théologique pour entrer définitivement sur le terrain proprement historique. » (Il caso Pio XII. Mezzo secolo di dibatto su Eugenio Pacelli, Milano, Guerini e associati, 2008, p.407).

    La Seconde Guerre mondiale fait figure d’un combat titanesque entre le Bien et le Mal, entre la démocratie et le fascisme. Dans une telle lutte, le neutralité n’est pas admise. Dès l’époque, les puissances en guerre au nom d’une idéologie ne comprennent pas les réserves de la papauté, son refus de bénir l’un ou l’autre camp. Pie XII se retrouve dans la même situation que Benoît XV, qui devint pendant la Grande Guerre, « le pape boche » pour les Français, « le pape français » pour les Allemands. Entre 1941 et 1945, autant l’Allemagne que les Etats-Unis ont demandé, sans l’obtenir, la bénédiction papale pour leur croisade. Mais peut-on imaginer sérieusement le pape bénir les armes soviétiques ? A condition de considérer le communisme comme inférieur au fascisme dans l’échelle du Mal. C’est une réalité, notamment en France, mais pas au Vatican. Comme l’a dit Mgr Tardini, principal collaborateur de Pie XII, à propos de la guerre germano-soviétique, « Pour ma part, en hommage aux déclarations, aux condamnations, faites par le Saint-Siège, je serai très heureux de voir mis hors de combat le communisme. C’est le pire ennemi de l’Eglise. Mais ce n’est pas l’unique. Le nazisme a persécuté et persécute encore l’Eglise. La croix gammée n’est pas précisément celle des croisades…. J’applique le proverbe « un diable chasse l’autre » et tant mieux si cet autre est le pire. » Il est évident que l’historiographe marxiste, influente en France, ne peut admettre un tel raisonnement.

    L’Eglise catholique comme le Vatican sont des mondes complexes, tournés avant tout vers Dieu quand les Etats le sont vers leurs intérêts profanes. Les analyser demandent de grandes compétences. Or, la méconnaissance, pour ne pas dire l’inculture, fait des ravages dans la « question Pie XII ». L’action diplomatique du Saint-Siège est indissociable de son action pastorale. Encore faut-il bien comprendre la seconde pour saisir la première, surtout pour l’Eglise préconciliaire si différente de la nôtre sur certains aspects (voir le livre de Hubert Wolf pour ce point).

    De même, les mots ont un sens. Le Vatican n’est pas réellement neutre pendant la guerre, mais impartial, ce n’est pas la même chose. La sémantique joue un rôle non négligeable. L’utilisation de l’expression « l’encyclique cachée » pour parler de l’encyclique de condamnation du racisme et de l’antisémitisme non publiée par Pie XI est maladroite puisqu’il n’y a jamais eu d’encyclique rédigée, mais seulement des documents de travail. Mais elle peut être aussi malveillante puisqu’elle renvoie à l’image d’un Vatican fourmillant de secrets inavouables, de combinazioni et d’un Pacelli attentif à contrecarrer les initiatives antifascistes du pape Ratti. Les ignorances sont légions dans les médias qui constituent aujourd’hui le prisme à travers lequel le grand public perçoit les évènements. A cela s’ajoute leur manichéisme si éloigné des subtilités et des complexités de l’histoire. De plus l’oubli du contexte historique et les anachronismes font des ravages. Enfin, il est plus facile de regarder le film Amen de Costa-Gavras assis dans une salle de cinéma ou sur son canapé que de lire une étude de 500 pages…

    Certains attaques sont de bonne foi, n’en doutons pas, qu’elles proviennent du monde chrétien, juif ou athée. Je ne parle pas ici des travaux historiographiques de l’école italienne autour de Giovanni Miccoli qui étudie les possibles racines chrétiennes de l’antisémitisme et de la Shoah, mais plutôt des innombrables personnes qui pensent vraiment que le pape a mal agi. Nous ne pouvons que nous incliner devant l’incompréhension et la colère des rescapés des camps qui n’admettent pas que tout n’ait pas été mis en œuvre pour les sauver, eux et leur famille. Trois remarques toutefois : tout d’abord tous les rescapés ne sont pas des pourfendeurs de Pie XII, pensons à l’historien italien, de confession juive, Michael Tagliacozzo ; ensuite l’historien ne doit pas se laisser guider par l’émotion, mais faire preuve d’un recul scientifique, y compris face à un crime aussi abominable ; enfin ne confondons pas l’analyse et le jugement de valeur car l’historien doit, avec humilité, expliquer le pourquoi et le comment, sans devenir un juge ou un procureur, ni imaginer ce qu’il se serait passé si…

    Néanmoins, d’autres attaques sont beaucoup moins sincères. Elles viennent souvent du monde anglo-saxon, dont l’anticatholicisme n’est plus à prouver, de catholiques progressistes ou apostats qui règlent des comptes (voir sur cet aspect David Dalin, Pie XII et les juifs, Perpignan, Tempora, 2007). Mais pourquoi attaquer spécifiquement Pie XII ? Parce que la Shoah est le plus grand massacre de l’histoire de l’humanité et qu’y associer, de près ou de loin l’Eglise catholique, c’est la marquer au fer rouge.

    Et ici, on sort de l’histoire pour venir dans la politique. Peu importe les faits et les preuves. Le but est d’attaquer l’Eglise, et non d’établir la vérité historique. Ainsi s’expliquent mieux les diverses polémiques, très bien médiatisées, qui ont éclaté ces dernières années. Des pseudo découvertes compromettantes sont annoncées avant de se dégonfler (l’affaire du discours antifasciste de Pie XI censuré par Pacelli, dans le livre d’Emma Fattorini, Pio XI, Hitler e Mussolini. La solitudine di un papa, Torino, Einaudi, 2007), quand ce ne sont pas les faits historiques qui sont complètement déformés (la polémique sur les enfants juifs rescapés ; voir « Le Vatican et les orphelins de la Shoah », Michael R. Marrus, in L’Histoire, mars 2006, n°307).

    Toutefois, la principale raison des attaques actuelles me paraît résider ailleurs, dans l’évolution des mentalités. Entre 1945 et aujourd’hui, le regard sur Pie XII a radicalement changé. Aux lendemains de la guerre, le monde juif dans son ensemble, et surtout les juifs romains, remercient le pape de son œuvre de sauvetage. Etaient-ils aveugles ? hypocrites ? intéressés ? Et pourquoi pas sincères, eux qui avaient vécu les terribles évènements ? Alessandro Angelo Persico a bien montré que le regard sur Pie XII évolue selon le contexte de chaque période, et notamment le contexte culturel, et non pas en fonction de découvertes d’archives.

    La nouveauté vient du regard porté sur la Shoah qui est devenue, depuis les années 1960, un événement central et traumatisant dans les mentalités occidentales. Aujourd’hui, le grand public, en oubliant le contexte et les terribles difficultés de l’époque, ne peut admettre qu’une seule personne n’ait pas été sauvée, que les contemporains n’aient pas tout tenté pour enrayer le crime. En 2004, une polémique a éclaté sur la responsabilité des Américains accusés de n’avoir pas bombardé les camps ni les voies ferrées. S’y mêlent deux éléments déjà présents dans « la question Pie XII » : l’anti-américanisme (qui remplace l’anti-catholicisme), et l’émotion. L’historien André Kaspi y a très bien répondu en mettant en exergue ce qui devrait être une évidence : les nazis sont les principaux responsables de cet assassinat de masse et tout ne pouvait pas être tenté, ne serait-ce que techniquement, pour sauver les persécutés. (« Fallait-il bombarder Auschwitz ? » André Kaspi in L’Histoire, janvier 2005, n°294)

    http://www.pie12.com/index.php?post/2009/11/08/119-pourquoi-la-question-pie-xii

  14. Francine permalink
    2 janvier 2011 14:12

    Nous sommes dans les années 40. Pie XII pilote la barque de Pierre. Le monde le regarde, et lui aussi regarde le monde. Soudain, une tragédie plonge l’humanité dans la terreur et le chaos. C’est le nazisme ; ce sont l’arrestation et l’exécution des milliers de juifs. Contrairement à certaines idées reçues, contrairement à certains discours truffés de mensonges et d’approximations, Eugenio Pacelli, en sa qualité de chef spirituel et moral, agira pour que cesse cette ignominie. Mais qui mieux que Serge Klarsfeld, historien et fondateur de l’association Les fils et filles des déportés juifs de France, peut nous en donner une confirmation éclatante ? Ecoutons-le un instant : « N’occultons pas que Pie XII a eu des gestes discrets et efficaces pour aider les juifs. Citons par exemple ce qui s’est passé à Rome. Un millier de juifs ont été arrêtés lors d’une rafle-surprise. Pie XII n’a pas protesté à voix haute, mais il a demandé aux établissements religieux d’ouvrir leurs portes. Résultat : des milliers de juifs ont pu être sauvés. Alors que si Pie XII avait élevé la voix, quelles auraient été les conséquences ? Est-ce que cela aurait changé les choses pour les juifs ? Probablement pas. Le rôle de Pie XII a aussi été diplomatique et idéologique : il a été le rédacteur de l’encyclique de 1937 condamnant le nazisme et publiée par son prédécesseur. » Un autre témoignage (plus récent par ailleurs), publié par la Pave The Way Foundation, nous éclaire également. Il y est indiqué que le père de Robert Adler, membre de la commission pour l’holocauste de l’Alabama (Etats-Unis) a été conduit au Vatican en 1941. Il restera caché pendant cinq semaines chez le pape. Qu’il rencontrera, à plusieurs reprises… Alors silence du pape ? oui, peut-être ! Inaction du pape ? Non !

    article de Guillaume Camara

  15. Francine permalink
    26 février 2011 10:27

    Vivement que Pie XII soit béatifié !
    Ce Pape est sans doute un des plus grands papes de l’histoire, ce qui n’enlève rien à Jean-Paul II, qui est lui aussi un très grand Pape.
    Pour petit rappel, voici ce que dit Gary Krupp* à propos de Pie XII : « Pie XII était le plus grand héros de la seconde Guerre mondiale…il a sauvé plus de juifs que Roosevelt, Churchill et tous ceux qui leur sont associés. Il ne devrait pas être une raison de litige entre les catholiques et les Juifs ».

    Et aussi information :
    Parmi les preuves que Gary Krupp a pu avancer, figure une circulaire datée du 30 novembre 1938, signée du cardinal Pacelli, adressée aux nonciatures, aux délégations apostoliques et à 61 évêques. Cette circulaire demandait de
    « trouver 200 000 visas pour permettre à des « catholiques non-aryens » (formule codée pour désigner les juifs…) de sortir du territoire du Reich »

    On peut y lire la précision suivante : « que l’on veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuses ».

    Peu de temps après, dans une lettre datée de janvier 1939, Pie XII confirmait le contenu de sa circulaire en ces termes : « N’entreprenez pas seulement de sauver les juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc… »
    .
    …. je n’appelle pas cela aider hitler !

    * Gary Krupp est un Juif, âgé de 62 ans, à la retraite, après avoir été industriel fabriquant d’équipements médicaux.
    En 2003 il a créé une fondation Pave the way (« Prépare ton chemin ») ayant pour but de «combler les fractures de compréhension entre les religions » Mais le plus important est que cette fondation a financé les investigations et enquêtes menées au sujet des relations entre l’Allemagne nationale-socialiste et Pie XII. au terme desquels il a pu affirmer de façon certaine :
    « Saviez-vous que le pape Pie XII avait sauvé plus de 860 000 juifs des camps de la mort ? Je veux dire que je ne le savais pas auparavant. C’est un assassinat caractérisé, une « shanda » ( un déshonneur en Yiddish), que tant de Juifs disent qu’il était anti-sémite ». Il ajoutait, trahissant toute la pression qu’il avait dû subir : « Croyez-moi, quand j’étais enfant, je ne rêvais pas que je défendrais un jour un homme que nous croyions un sympathisant nazi ».

  16. Francine permalink
    26 février 2011 10:32

    Diaporama : « Pie XII un homme Juste » :
    http://gloria.tv/?media=132247

    Diaporama : « Pie XII un don pour le XXème siècle – Benoît XVI » :
    http://gloria.tv/?media=5372

  17. Francine permalink
    26 février 2011 10:33

    Vidéo interview de Gary Krup (Président de la Fondation « PAVE THE WAY ») sur Pie XII
    http://gloria.tv/?media=132285

    Emission sur Pie XII sur « Dieu merci » :
    http://www.direct8.fr/video/nulau/dieu-merci-14-01-11/

  18. Francine permalink
    26 février 2011 23:31

    Oui, cette photographie de Jean-Paul II est un signe, un très grand signe d’un Jean-Paul II qui nous avertit en nous montrant le ciel et qu’il continue à intercéder pour nous du Ciel
    où il se trouve.

  19. pèlerine permalink
    27 février 2011 21:36

    Espérons le pour lui… C’est quand même ennuyeux qu’un saint est grandement contribué au délabrement de l’Eglise.

  20. Koopa Troopa permalink
    19 octobre 2011 18:40

    Jean-Paul II, premier communiste béatifié…

Répondre à brunsw Annuler la réponse.