Aller au contenu principal

La chasteté sacerdotale du prêtre catholique

15 janvier 2020

  

Si le prêtre doit garder la continence,

c’est avant tout pour le service de l’Eucharistie !

 

Benoit XVI, qui vient d’être contraint de retirer son nom d’un livre cosigné avec le cardinal Sarah,  au moment où certains évêques modernistes, notamment en Allemagne et en Autriche, tentaient de revenir sur cette pieuse tradition, avait profité d’une convention théologique « Fidélité du Christ, fidélité du prêtre » pour déclarer : « la valeur du célibat sacré qui, dans l’Eglise latine, est un charisme requis pour l’ordination […] C’est signe de la consécration toute entière au Seigneur, une expression du don de soi à Dieu et aux autres».  Cette déclaration était une réponse à ceux qui évoquaient, fallacieusement alors que 96 % des actes de cette nature sont le fait de personnes mariées, de supprimer le célibat des prêtres pour éviter les actes de pédophilie.

L’Eglise est pourtant très claire sur le sujet :

« Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat <>… Le célibat est un signe de cette vie nouvelle au service de laquelle le ministre de l’Église est consacré ; accepté d’un cœur joyeux, il annonce de façon rayonnante le Règne de Dieu. »  [Article #1579, p. 409]

A partir de l’ordination, dignité exceptionnelle,

l’état de prêtre justifier un sacrifice souvent héroïque.

Les évêques, les prêtres et les diacres ont une place privilégiée, car ils sont « ceux qui sont au service des sacrements divins » (qui sacramentis divinis inserviunt), « ceux qui sont affectés au service de l’autel » (qui altario inserviunt). Ces expressions, qui qualifient indistinctement les trois degrés supérieurs de la cléricature,  indiquent que le fondement spécifique de la continence est le service des sacramenta et de l’autel, c’est-à-dire le service de l’Eucharistie. C’est là la motivation centrale.

Si le prêtre doit garder la continence, c’est avant tout pour le service de l’Eucharistie. Il est tout à fait inexact, comme le font certains, de parler de « continence cultuelle », ou de « pureté cultuelle », car ces expressions sont chargées de résonances païennes ou philosophiques (notamment stoïciennes). En réalité, c’est la liturgie, et la liturgie eucharistique avant tout, qui, actualisant le mystère pascal, fait du prêtre un médiateur entre Dieu et les hommes. Configuré à Jésus-Christ, tête et époux de l’Eglise, le prêtre est un « alter Christus », agissant « in persona Christi » pour le service du peuple de Dieu, service qui trouve son expression la plus haute dans l’intercession eucharistique et d’une façon générale, dans le dialogue permanent du prêtre avec le Père des hommes et le Maître de l’histoire. Par l’Eucharistie, auquel il est « ordonné », le prêtre devient l’intercesseur qualifié pour traiter avec Dieu en toute simplicité de cœur (simpliciter) des affaires de ses frères les hommes.

C’est donc, par priorité, ce caractère de médiateur qui entraîne comme corollaire allant de soi, dans l’esprit des Pères des premiers siècles, l’obligation de la continence. Les Pères orientaux notamment, dans leur style enthousiaste, exaltent sans complexe la dignité du prêtre : « Ceux-là, s’élèvent au-dessus de la multitude par leur vertu et leur familiarité avec Dieu, tenant le rôle de l’âme par rapport au corps ou de la pensée par rapport à l’âme…» (Saint Grégoire de Nazianze)

Crucifixn X

C’est la liturgie eucharistique qui, actualisant le mystère pascal,

fait du prêtre un médiateur entre Dieu et les hommes.

 

Si tant d’hommes mariés, tant de couples chrétiens des premiers siècles, ont accepté la discipline de la continence à partir de l’ordination, c’est que la conscience de cette dignité exceptionnelle, accueillie comme un don gratuit, était assez vive pour justifier un sacrifice souvent héroïque. C’est en toute connaissance de cause qu’ils franchissaient le pas de la continence, et qu’ils devenaient ensuite, à leur tour, les « gardiens de la pureté ». Ces  hommes qui ont légiféré pour le maintien de la discipline du célibat dans les conciles ou les synodes régionaux n’étaient pas des « refoulés », à qui la sexualité humaine faisait peur ou inspirait une méfiance morbide, non, c’étaient des hommes choisis, des hommes mûrs, et mûris par une expérience parfois d’époux et de pères de famille, qui manifestaient à l’ordination la dignité exceptionnelle du sacerdoce chrétien. Hilaire de Poitiers, Pacien de Barcelone, Sévère de Ravenne, Eucher de Lyon, Paulin de Noie, pour ne citer que quelques-uns, tous ont montré  l’idée de l’mmense dignité du sacerdoce, et « nul ne s’arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron », et le choix de Dieu fait de la liberté qui accepte d’y répondre une liberté plus parfaite.

Dans l’encyclique de Pie XI, Ad sacerdotii catholici, le 20 décembre 1935, saint Joseph fait partie des exemples cités pour encourager le célibat des prêtres :

« De fait, la loi du célibat ecclésiastique, dont la première trace écrite, qui suppose évidemment une coutume plus ancienne, se rencontre dans un canon du Concile d’Elvire (28) au début du IVe siècle, alors que la persécution sévissait encore, ne fait que rendre obligatoire une certaine exigence morale, pourrions-nous dire, qui ressort de l’Evangile et la prédication apostolique. Constater la haute estime dont le divin Maître avait fait montre pour la chasteté en l’exaltant comme une chose qui dépasse les forces ordinaires (cf. Mt 19, 11) ; savoir qu’il était  » fleur d’une mère vierge (29) « , et depuis l’enfance élevé dans la famille virginale de Marie et de Joseph ; voir sa prédilection pour les âmes pures, comme les deux Jean, le Baptiste et l’Evangéliste ; entendre le grand Apôtre Paul, fidèle interprète de la loi évangélique et des pensées du Christ, prêcher le prix inestimable de la virginité, spécialement dans le but d’un service de Dieu plus assidu : celui qui est sans épouse se préoccupe des choses du Seigneur ; il cherche comment plaire à Dieu (1 Co 7, 32) ; tout cela devrait pour ainsi dire nécessairement faire sentir aux prêtres de la Nouvelle Alliance l’attrait céleste de cette vertu choisie, leur faire désirer d’être du nombre de ceux à qui il a été donné de comprendre cette parole (cf. Mt 19, 11), et leur faire adopter spontanément cette observance, sanctionnée très tôt par une loi très grave dans toute l’Eglise latine,  » afin que ce que les Apôtres ont enseigné – comme l’affirme à la fin du IVe siècle le IIIe Concile de Carthage – et ce que nos prédécesseurs ont observé, nous aussi, nous y soyons fidèles. (Pie XI, encyclique Ad sacerdotti catholici, § 30)

Le sacrement de l’Ordre « configure le prêtre au Christ,

Tête et Pasteur, Serviteur et Epoux de l’Eglise. 

 L’histoire et la théologie affirment, chacune à sa manière, ce que les Pères de l’Eglise appelaient la dignité exceptionnelle du sacerdoce ; le sacrement de l’Ordre « configure (le ministre) au Christ Tête et Pasteur, Serviteur et Epoux de l’Eglise ». Dans ce contexte, le célibat sacerdotal apparaît comme une exigence de radicalisme évangélique favorisant de manière spéciale le mode de vie « sponsal » qui découle logiquement de la configuration du prêtre à Jésus-Christ par le sacrement de l’Ordre. Ces motivations théologiques, l’histoire nous montre qu’elles étaient dès les origines le fondement de la tradition disciplinaire de la continence des clercs. Ne faisant qu’un avec le Christ médiateur, configurés avec lui, les évêques, prêtres et diacres exerçaient un ministère d’intercession qui, depuis les Apôtres, était conçu comme un don total au service de l’Eglise et de l’humanité entière.

La discipline de la continence sacerdotale a pu être conçue dès les origines comme une priorité, d’où dépendait la perfection du peuple chrétien. Ce n’est pas un hasard si la plupart des traités patristiques sur la virginité, qui ont tant fart pour l’essor de la vie religieuse, ont été composés par des évêques : Cyprien de Carthage, Méthode d’Olympe, Athanase d’Alexandrie, Basile d’Ancyre, Augustin d’Hippone, et d’autres. « Gardiens de la pureté », les chefs d’Eglises avaient la conviction qu’ils devaient prêcher d’exemple et exhorter sans cesse, afin d’entraîner les fidèles sur la voie royale, mais étroite, qui conduit au Christ.

Source
8 commentaires leave one →
  1. apostolatus specula permalink
    27 mars 2010 03:28

    Le célibat sacerdotal consacre plus étroitement au Christ
    rappelle le cardinal Francis Arinze dans un ouvrage intitulé Riflessioni sul sacerdozio, lettera a un giovane sacerdote (Réflexions sur le sacerdoce, lettre à un jeune prêtre)

    « Le Christ a vécu une vie virginale, il a enseigné à ses disciples la chasteté et a proposé la virginité à ceux qui sont disponibles et en mesure de suivre un tel appel », explique la cardinal, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

    « Dans la vie sacerdotale, la chasteté perpétuelle pour le royaume des cieux exprime et stimule la charité pastorale. C’est une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde » et « un témoignage qui resplendit devant le monde comme chemin concret à la suite du Christ », a-t-il ajouté.

    http://qe.catholique.org/pretrise/22621-le-celibat-sacerdotal-consacre-plus

  2. 27 mars 2010 08:32

    Nos églises sont vides, froides, inhospitalières!
    Que les prêtres remettent la soutane et restent dans l’église, la journée, la nuit, comme le Saint Curé d’Ars!

    • Taillandier permalink
      22 avril 2015 23:45

      Je ne suis pas d’accord. Toutes nos églises ne sont pas froides,ni vides, j’ai déjà vu et côtoyer des prêtres qui sont dévoués et engagés. De bons prêtres existent, sinon ce serait la fin. Mais le règne de Dieu n’a pas de fin. Et Il est là pour toucher des hommes de sa grâce, et ça se ressent dans la parole des prêtres. Il fait bon vivre dans les églises catholique, meilleur qu’à l’extérieur…

  3. Grégoire permalink
    27 mars 2010 11:04

    Oui, c’est par la messe et la vie de prière de saints prêtres, que l’on refera la religion catholique !

  4. Saint Edouard permalink
    27 mars 2010 11:05

    Prière de Sainte Faustine pour demander de saints prêtres :

    « Ô mon Jésus, je vous supplie au nom de toute l’Eglise…donnez-nous de saints prêtres. Que vous les mainteniez Vous-même dans la sainteté. Ô Divin et Très Haut Grand Prêtre, puisse la puissance de votre Miséricorde les accompagner partout et les protéger des pièges et embûches du démon qui sont continuellement placés devant les âmes des prêtres. Puisse la puissance de votre Miséricorde, Seigneur, éloigner et anéantir tout ce qui pourrait ternir la sainteté des prêtres, car Vous pouvez toutes choses. »

  5. Ypres permalink
    27 mars 2010 11:08

    Le Seigneur s’est élu des prêtres, afin qu’ils Lui offrent de dignes actions de grâces !

    Litanies pour obtenir de saints prêtres :

    http://www.salve-regina.com/Spiritualite/Prieres/litanies_pour_obtenir_des_pretres.htm

  6. pie permalink
    27 mars 2010 11:10

    Prière à la Vierge Marie pour la sanctification des Prêtres

    « O Notre Dame, qui avez mis au monde Jésus, le Prêtre parfait, obtenez-nous de saints Prêtres! Donnez-leur assez d’amour pour aimer tous les hommes, assez de zèle pour se donner sans réticence et lassitude, assez de bonté pour être, à Votre image, Consolation des affligés, Secours des Chrétiens, Espérance des âmes en quête de Dieu. Que leur vie toute entière soit comme la Vôtre, une offrande! Qu’en leurs Messes ferventes, le Sang de Jésus-Christ, Votre Fils, soit fécond par eux de force et de lumière. Obtenez-leur persévérance dans leur labeur, ténacité dans leurs travaux, sérénité dans leurs échecs. Libres de toute attache et tout chargés de grâces, qu’ils trouvent Dieu partout pour le donner à tous. Amen. »

  7. hannibalgenga permalink
    15 janvier 2020 15:39

    Benoit XVI, par un long détour historique, explique dans le livre cosigné, l’importance du célibat dès les premiers temps de l’Eglise. Tandis que, plus virulent, le cardinal Sarah lui, l’écrit noir sur blanc : « Je crains que le projet d’ordonner prêtres des hommes mariés n’engendre une catastrophe pastorale ».

Laisser un commentaire