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LA QUESTION : orientations doctrinales du blog

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+ Misericordia et Justicia+

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« Quiconque veut être sauvé,

doit avant tout tenir la foi catholique :

celui qui ne la garde pas intègre et inviolée ira,

sans aucun doute, à sa perte éternelle

(Saint Athanase, Symbole Quicumque).

AVERTISSEMENT DE PRINCIPE CONCERNANT L’ESPRIT DE LA « DISPUTATIO » DE LA QUESTION :

Nous ne faisons pas mystère de nos positions, en ne cachant pas, ce dont témoignent nos textes et analyses, notre attachement à la Tradition catholique, aux penseurs contre-révolutionnaires partisans de la théocratie pontificale (Maistre, Bonald, Blanc de Saint-Bonnet, le cardinal Pitra, etc.), et à l’enseignement dogmatique de l’Eglise. Cependant nous avons pour principe, sauf lorsqu’il est nécessaire de rappeler certains intervenants à l’ordre afin qu’ils évitent, à l’occasion de quelques sujets passionnés, les propos déplacés, les grossièretés, les injures ou les blasphèmes, de laisser débattre sur les différents « fils de discussion » ouverts aux commentaires ceux qui le souhaitent sans exercer d’interdiction à l’égard des intervenants qui peuvent exposer leurs positions, avis ou désaccords – même de façon frontale et radicale, en offrant une grande liberté d’expression, afin que des échanges théoriques puisse jaillir la lumière de la Vérité.

Respectant l’esprit de la « disputatio» si chère à la scolastique, une des principales méthodes d’enseignement et de recherche dans les universités médiévales – où les cathédrales se bâtissaient également dans l’esprit et non uniquement sur les chantiers, nous sommes donc attentifs à la complémentarité entre la “quaestio”, et la “disputatio” (qui n’est en réalité qu’une expression de la question disputée), situant notre action dans l’esprit de ce que Léon XIII dans l’encyclique Aeterni Patris, le 4 août 1879 soulignait : «Soutenue par les promesses, imitant la charité de son divin Auteur, l’Eglise a fidèlement accompli l’ordre reçu, ne perdant jamais de vue, poursuivant de toute son énergie ce dessein: enseigner la religion, combattre sans relâche l’erreur. »

Orientations théoriques et doctrinales

de La Question

Plus que jamais, au moment où les analyses de “La Question” semblent intéresser un auditoire large et diversifié, il nous apparaît indispensable de préciser clairement l’originalité de notre démarche, c’est-à-dire exposer les raisons de notre positionnement critique et radical, qui peut parfois surprendre et souvent étonner.

1970538917Disons, immédiatement, que d’un point de vue purement doctrinal, outre l’enseignement des pères, docteurs et saints de l’Eglise, nous ne faisons pas mystère de notre immense attachement à l’égard de la doctrine de saint Augustin , le père de l’Occident chrétien, et aux idées de Joseph de Maistre (1753-1821) et, plus largement, aux penseurs contre-révolutionnaires qui marquèrent le renouveau de la vie spirituelle au XIXe siècle, et qui, précisément, reprirent et adoptèrent les thèses du comte chambérien au sujet de la « Tradition théocratique », et en firent un profitable usage dans leurs propres œuvres, dont, pour ne citer que les plus connus : le vicomte Louis de Bonald (1754-1840), Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880) et le célèbre abbé de Solesmes, Dom Guéranger (1806-1875).

I. La défense de la Tradition

 

Il importe ainsi de souligner, rapidement, ce qui nous particularise, ce qui nous distingue et ce qui explique notre dette, de par nos convictions chrétiennes traditionnelles affichées et déclarées, à l’égard de la pensée des pères grecs et latins, des docteurs, des théologiens et des saints qui constituèrent le précieux patrimoine dogmatique et doctrinal de l’Eglise jusqu’à la convocation du funeste concile Vatican II [1], non par un souci de recherche d’une vaine originalité, mais par une conscience vive de la sensibilité particulière qui caractérise les tenants de la Tradition.

En effet, ce blog ne s’est pas fixé plusieurs objectifs de manière cumulative, il s’en est donné un seul, de façon impérative et exclusive : la reprise d’une véritable démarche de nature authentiquement critique vis-à-vis des travers de la modernité religieuse et du libéralisme à l’école de la pensée et de l’enseignement de ceux que l’on désigne sous le nom de « penseurs contre-révolutionnaires ».

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Joseph de Maistre (1753-1821)

La Question est engagée dans une démarche de nature traditionnelle,

à l’école de l’enseignement

des penseurs contre-révolutionnaires théocratiques.

On l’a suffisamment dit et répété, notre attitude n’est pas réductible aux modes classiques par lesquels certains tentent en vain de vouloir agir sur le monde ou s’y confronter. Notre attachement principiel relève d’une mise en oeuvre de l’exigence spirituelle et mystique sur un plan métaphysique et ontologique, dont il n’est point nécessaire de trop expliciter la méthode, car il suffit d’en comprendre l’origine et le sens, sens éminemment religieux on s’en doute sans peine, pour se former une idée juste de ce que nous sommes et exprimons.

La rigueur de nos positions, qui se s’est traduite par des analyses relativement sévères au sujet de divers évènements, ou même de personnes que nous n’avons pas pour habitude d’épargner (auteurs modernistes soi-disant catholiques,  hommes d’église progressistes, etc.) [2], nous oblige d’ailleurs à maintenir une ligne relativement étroite, ce dont on a pu, à plusieurs occasions, nous faire le reproche ; reproche que nous avons d’ailleurs, nous l’avouons volontiers, plutôt accueilli comme un compliment.

En cela nous croyons répondre au devoir supérieur d’apostolat qui d’ailleurs, dans le Nouveau Testament déjà en ce qui regarde la proclamation du message de la Révélation, n’était pas uniquement le privilège des Douze, mais de tous ceux qui croyaient en Jésus-Christ. De la sorte, chaque chrétien, de par son baptême qui l’incorpore au Christ, reçoit cette mission apostolique, élément essentiel du sacerdoce des baptisés dans la mesure où le chrétien, chaque chrétien, est astreint lui aussi à la mission de témoignage et de défense de la vérité, ce que dans l’histoire de l’Eglise confirma sous la forme des innombrables associations de fidèles, de pénitents ou les tiers ordres, qui ont constitué depuis des siècles une ligne continue, comme le montrent jusqu’à nos jours les diverses confréries pieuses auxquelles pourraient, avec ses divers membres, s’avoisiner La Question [3].

II. Le combat contre le nihilisme intemporel, l’idéologie de la « dignité humaine » et la glorification de la chair

L’expérience de notre confrontation avec le nihilisme contemporain sous ses diverses formes, et dont la société d’aujourd’hui hideusement désacralisée offre le pénible spectacle, nous a appris à ne pas interpréter la situation présente uniquement en termes de deuil circonstanciel, de néant relatif à une période déterminée, comme si naïvement il y avait eu un temps antérieur de pure lumière et d’entière plénitude, de valeurs sûres et bien établies. Nous le savons, le nihilisme n’est pas un phénomène historique, il traverse et commande la totalité de l’Histoire, car, ainsi que le soulignait Joseph de Maistre : « Le mal a tout souillé, et dans un sens très vrai tout est mal puisque rien n’est à sa place. (…) Tout les êtres gémissent et tendent avec effort vers un autre ordre des choses. » (J. de Maistre, Oeuvres Complètes, t. I, p. 39).

Ainsi, nous devons avouer que pour nous il n’y a pas d’extériorité par rapport au nihilisme, c’est-à-dire qu’il n’existe pas d’alternative, de nostalgie d’un avant ou d’un après, car c’est l’existence elle-même, par delà les époques, qui est plongée dans l’abîme du nihil (rien), qui est confrontée, depuis le péché originel, à la nécessité d’affronter la question de l’absence, du délaissement, de l’angoisse et de la perte, du tragique de l’échec et de la mort.

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« Le mal a tout souillé,

et dans un sens très vrai tout est malpuisque rien n’est à sa place.

Tout les êtres gémissent et tendent avec effort vers un autre ordre des choses. »

(J. de Maistre)

En fidèles disciples de saint Augustin, nous considérons que la faute d’Adam est d’autant plus grave et inacceptable qu’il était pourvu en Eden d’une grâce spéciale et particulière le rendant, certes pleinement libre et responsable de ses actes, mais surtout capable de résister à la tentation et au mal. Or ce n’est plus le cas à présent, depuis la chute, puisque les créatures vivent sous la domination d’une faiblesse qui a puissamment abîmé et réduit leurs facultés, si bien que tous les hommes sont aujourd’hui, par nature, devenus des « enfants de colère » (Ephésiens 2,3), des êtres corrompus et dégradés.

De la sorte, inutile de préciser notre hostilité aux couronnes tressées à la gloire de l’homme par l’Eglise conciliaire, car les créatures ne peuvent être « libres » au sens de l’idéologie des « Droits de l’homme », puisque toutes ne sont aucunement libres mais prisonnières, à l’état naturel, de forces négatives qui les entraîne vers la corruption et le péché. L’idéologie des « Droits de l’homme », qui souhaite mettre l’homme à la place de Dieu, travaille donc positivement à renverser l’ordre originel au profit d’une entreprise prométhéenne diabolique, oubliant que tout est mal parce que tout a été vicié par le péché originel. Comme le disait déjà Pascal à propos du péché originel : « sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes » (Pensées). Il y a donc une dégradation, non seulement de notre nature, mais de tout l’univers : « L’homme est puni par là où il a péché, c’est-à-dire dans sa volonté. Il ne sait pas ce qu’il veut, il veut ce qu’il ne veut pas,, il ne veut pas ce qu’il veut; il voudrait vouloir. » (J. de Maistre, Soirées de St. Pétersbourg).

III. La mise à jour de la corruption de l’homme et l’appel à la pénitence

L’homme, depuis le chute, est concrètement soumis à Satan, ses désirs, sa volonté, et, hélas ! jusqu’à ses vertus sont l’otages des forces négatives. Le Christ est donc venu pour nous libérer de ces puissances nocives, non pas pour célébrer la gloire de l’homme et le triomphe de l’humanité, mais pour nous demander de retrouver le chemin d’une juste position de piété à l’égard de Dieu.

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« J’ai prêché la repentance envers Dieu

et la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. »

(Actes 20.21)

Ceci explique pourquoi le premier message de l’Évangile, annoncé par Jean-Baptiste et prêché par Jésus lui-même , est : « Repentez-vous, et croyez ! » (Matthieu 3.2-11). La repentance est à la base du message de l’Évangile. L’apôtre Paul écrit d’ailleurs : « J’ai prêché la repentance envers Dieu et la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. » (Actes 20.21) Et la première prédication de l’apôtre Pierre se conclut par : « Repentez vous ! » Ainsi, « Repentez-vous » est l’exclamation que l’on entend dans toute la Bible, lorsque Dieu appelle les hommes à prendre conscience de leurs péchés et à revenir vers Lui, mais les hommes, malgré l’appel de Dieu et sa patience, refusèrent de reconnaître les causes de leurs malheurs et ne voulurent jamais se repentir, au nom de leurs prétendus « Droits » à présent érigés en dogme. Dès lors on comprend mieux pourquoi le credo de l’idéologie révolutionnaire s’appuie, en tous ses fondements, sur les Droits de l’homme, sachant que : « Si, arrachant le masque à la Révolution, vous lui demandez : Qui es-tu ? elle vous dira : … Je suis la haine de tout ordre religieux et social que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble ; je suis la proclamation des droits de l’homme contre les droits de Dieu… » (Mgr Gaume, La Révolution, recherches historiques sur l’origine et la propagation du mal en Europe, tome I, page 46.)

IV. La dénonciation de l’hérésie panthéiste et naturaliste de Vatican II

Le plus grave, du point de vue de la situation actuelle, c’est que le dernier concile de l’Eglise, Vatican II, sous l’impulsion de nombreux théologiens progressistes et du pape Jean-Paul II, infecté par le naturalisme panthéiste, en rupture avec l’enseignement traditionnel de l’Eglise [4] a soutenu une thèse scandaleusement hérétique portant sur une théorie inacceptable soutenant une « communication des idiomes » entre la Divinité et l’homme, théorie qui tend à affirmer que par son Incarnation « le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » [5].

Cette conjugaison de deux erreurs, anthropologique et christologique, est une thèses profondément hérétique qui résulte d’une idée axiale singulièrement inexacte : les attributs divins ont été conférés à tous les hommes, même les non baptisés, y compris les païens et les idolâtres, du simple fait qu’ils soient hommes.

Telle est, scandaleusement car rendant inutile l’œuvre salvifique du Christ si tout homme est sauvé dans sa religion, toute la délirante doctrine de Vatican II et de Jean-Paul II, pape qui a pu affirmer dans une allocution, se citant lui-même : « Le concile Vatican II l’a rappelé avec acuité : “ Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. ” ».  Et nous retrouvons, encore et toujours ce dogme impie et hérétique de « l’homme-dieu » qui a conduit à la divinisation de l’homme en tant que tel, c’est-à-dire du seul fait qu’il soit homme (la fameuse « dignité de la chair »), et à la naturalisation de Dieu dont les échos se font sentir dans les terribles déviations de l’Eglise conciliaire qui est en train d’édifier autour d’elle un champ de ruine.

On est en présence ici, comme on le constate, de tous les éléments propres à définir une hérésie : appropriation et réinterprétation du rôle et de la personne du Christ, dévolution à l’homme des idiomes propres à la Divinité, ce qui aboutit concrètement à une naturalisation du surnaturel et à surnaturalisation du naturel, dérive hérétique qui se rapproche des thèses panthéistes des Nicolaïtes ou des Ubiquitaires soutenant que Jésus-Christ était formellement présent partout et en tous par communication de son essence, selon les seules vertus de la nature humaine, thèses condamnées par l’Eglise qui se retrouvent paradoxalement dans tous les textes et ouvrages publiés s’appuyant sur les théories conciliaires.

Or, il importe de le redire, Dieu ne s’est pas fait homme en transmettant sa nature divine indistinctement à tous les hommes, du simple fait de son Incarnation – c’est une pure folie, non chrétienne, new-âge et panthéiste de l’affirmer ! Il s’est fait homme pour nous sauver du péché et de la mort par le sacrifice de la Croix et nous accorder les promesse du Royaume et de la vie éternelle, pas pour magnifier notre indigne et mondaine humanité terrestre vendue, selon la chair, à l’adversaire de Dieu ! [6]

Lorsqu’on songe que la déclaration « Dignitatis humanæ » sur la liberté religieuse est en contradiction avec l’encyclique « Quanta cura » et le « Syllabus » de Pie IX, avec les encycliques « Libertas præstantissimum » et « Immortale Dei » de Léon XIII, avec tout l’enseignement de Pie XII, et que l’un des rédacteurs de « Dignitatis humanae », le Père Yves Congar, écrivit que d’après ce texte, la liberté religieuse était contenue dans la Révélation, avouant lui-même qu’une telle affirmation était un pur mensonge : « À la demande du pape, j’ai collaboré aux derniers paragraphes de la déclaration sur la liberté religieuse: Il s’agissait de montrer que le thème de la liberté religieuse apparaissait déjà dans l’Écriture, or il n’y est pas »., on comprend mieux en quoi le concile Vatican II constitue un acte de rupture formel d’avec la Tradition séculaire de l’Eglise, et représente un poison mortel qu’il convient de combattre et d’éradiquer.

V. Le rejet total du dialogue interreligieux et de la déclaration conciliaire « Nostra Aetate »

Par la même logique irréaliste et panthéiste, qui présida à la rédaction de « Gaudium et Spes », la déclaration conciliaire « Nostra Aetate », à son tour, a soutenu, par un renversement complet des conceptions traditionnelles de l’Eglise et un reniement total de toute sa doctrine ancestrale qui avait son origine dans les Ecritures : « Tous les dieux des nations sont des démons » (Psaumes 96, 5), que : « L’Église reconnaît et apprécie ce qui est vrai et saint dans ces religions ; leurs règles et doctrines apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. » (Nostra Aetate n° 2). Le naturalisme du père Henri de Lubac, ami personnel de l’abbé hindou, le père Jules Monchanin, qui vécu en Inde sous le nom de swami Parama Arubi Ãnandam, est à la source directe de cette folle position panthéiste qui se montrait également dans « Gaudium et Spes » : « L’Esprit Saint offre à tous d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé aux mystères pascal.» (Gaudium et Spes, 22). D’où notre critique sans concession du mirage bouddhiste, de l’hérésie musulmane, des pratiques démoniaques de l’animisme africain ou encore, sous couvert d’un peu crédible rattachement à une prétendue “Tradition primordiale”, de la gnose syncrétiste dont l’occultiste néo-musulman René Guénon se fit l’avocat au XXe siècle.

l’antijudaïsme théologique

Par ailleurs, c’est en ce sens que s’explique notre revendication de l’antijudaïsme théologique qui pose clairement la place centrale du peuple élu dans l’histoire de la Révélation, sans cacher pour autant, en raison de son rejet du Messie par son geste déicide, son retranchement actuel en tant que nation et religion de sa position antérieure, au seul profit de l’Eglise qui, de par les fruits bénis de la Nouvelle Alliance, est devenue l’Israël véritable, alors que le judaïsme rabbinique n’est plus qu’une branche apostate et impie qui n’a strictement plus rien à voir avec le mosaïsme biblique à l’égard duquel il a été foncièrement infidèle. De la sorte, loin donc d’avaliser l’attitude conciliante et complaisante vis-à-vis du judaïsme synagogal, qui témoigne aujourd’hui de la fin définitive de l’Ancienne Alliance,  ou d’approuver  l’inculturation propre à Vatican II, nous soutenons la nécessité d’une évangélisation effective des peuples non chrétiens, y compris l’indispensable effort en direction des juifs “perfides”, et un refus de toute attitude de faiblesse à l’égard des coutumes idolâtres et des rites païens.

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Le peuple hébreu, l’Israël charnel, n’est plus qu’une réalité naturelle

désacralisée dont la filiation divine a cessé

depuis l’instauration de la Loi nouvelle.

« Le peuple hébreu [est] réprouvé comme perfide et ingrat,

après avoir, d’une façon indigne,

ôté la vie à son Rédempteur. »

(Saint Pie V)

A ce titre Vatican II, dont l’immense responsabilité est bien engagée, est en rupture avec toute la Tradition catholique en proposant une vision avantageuse des religions non chrétiennes, invitant au dialogue avec les idolâtres : « changement révolutionnaire opéré par l’Église catholique », a pu dit le père Claude Geffré (cf. De Babel à Pentecôte, Essais de théologie interreligieuse, Cerf, p. 15). C’est pourquoi Mgr Lefebvre écrivait : « Le Concile (DH. 2-3) invoque outre la dignité radicale de la personne humaine, sa quête naturelle du divin : tout homme, dans l’exercice de sa religion quelle qu’elle soit, serait en fait orienté vers le vrai Dieu, en recherche même inconsciente du vrai Dieu, “branché sur Dieu”, si l’on veut, et à ce titre il aurait un droit naturel à être respecté dans l’exercice de son culte. Donc si un bouddhiste fait brûler des bâtons d’encens devant l’idole de Bouddha, selon la théologie catholique, il commet un acte d’idolâtrie, mais à la lumière de la nouvelle doctrine découverte par Vatican II, il exprime “l’effort suprême d’un homme pour chercher Dieu”. Par conséquent cet acte religieux a droit au respect, cet homme a droit à ne pas être empêché de l’accomplir, il a droit à la liberté religieuse. D’abord il y a une évidente contradiction à affirmer que tous les hommes adonnés aux faux cultes sont de soi, naturellement, tournés vers Dieu. Un culte erroné, de soi, ne peut que détourner les âmes de Dieu, puisqu’il les engage dans une voie qui, de soi, ne conduit pas à Dieu. On peut admettre que, dans les fausses religions, certaines âmes puissent être orientées vers Dieu, mais c’est parce qu’elles ne s’attachent pas aux erreurs de leur religion ! Ce n’est pas par leur religion qu’elles se tournent vers Dieu, mais malgré elle ! Par conséquent, le respect qu’on devrait à ces âmes n’impliqueraient pas que l’on doive le respect à leur religion. » (Mgr Marcel Lefebvre, Ils l’ont découronné, Ed. Fideliter, ch. XXVIII, 1987).

De ce fait, la Déclaration « Nostra aetate » promulguée lors de Vatican II, ayant adopté, pour la première fois de l’histoire de l’Eglise, une attitude positive vis-à-vis des religions non chrétiennes, faisant qu’en quittant l’exclusivisme du « Hors de l’Église pas de salut », on a reconnu tout à la fois que ces religions comportaient des éléments importants de vérité (elles sont autre chose que de l’idolâtrie) et que les croyants sincères qui adhèrent à ces religions ont accès au salut, ce qui est de la démence délirante ! ainsi, cela est incontestable, par l’effet des idées toxiques et fantaisistes qui se sont imposées à Vatican II, le pluralisme religieux, soutenu par les idées absurdes au sujet de la dignité de l’homme, est devenu un fait central de la nouvelle pastorale, indigne et apostate, de l’Eglise moderne.

VI. La lutte contre le modernisme et le libéralisme

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‘‘O CRUX AVE ! SPES UNICA’’

(Salut ô Croix, unique espérance)

De ce fait, on ne s’étonnera pas de nous voir lutter avec force contre les thèses modernistes qui sont un venin terrifiant pour le devenir de la Foi de l’Eglise, considérant, à la suite de Mgr Lefebvre [5], que Vatican II est un concile schismatique porteur de conceptions scandaleuses touchant à la fallacieuse « Dignité de l’Homme », nous faisant adhérer pleinement à la déclaration du fondateur d’Ecône : « Nous adhérons de tout coeur, de toute notre âme, à la Rome catholique, gardienne de la Foi catholique (…) Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues (…) C’est pourquoi nous nous en tenons fermement à tout ce qui a été cru et pratiqué dans la foi, les moeurs, le culte, (…) en attendant que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle. » (Mgr Marcel Lefebvre, Déclaration du 21 novembre 1974).

Cette question du statut de l’homme, est donc une question de souveraineté car il s’agit d’une question souveraine, question qui éclaire les mécanismes existentiels et qui préside à la réponse que nous pouvons leur donner. Et cette maîtrise n’est pas la bruyante caricature d’une domination de pure force sur une réalité, toujours changeante et fuyante, c’est une maîtrise religieuse, éclairée par l’Ecriture Sainte et ayant donc son emprise sur la vérité du Ciel, ne confondant pas la surface simplificatrice d’un discours, et l’essence d’une présence divine, seule en mesure d’habiter véritablement les cœurs, néanmoins accompagnée d’une force de conviction devant les menaces et les dangers actuels, reprenant l’injonction que fit Abraham a Sancta Clara (1644-1709), né comme Heidegger à Messkirch, à ses contemporains au moment où les Turcs menaçaient Vienne en 1683, en publiant un ouvrage intitulé sous la forme d’un cri que nous reprenons volontiers à notre tour :

« Auf, auf ihr Christen ! »

(Levez-vous ô Chrétiens) [7].

Notes.

[1] Nous ne cachons pas, suivant en cela Monseigneur Lefebvre, notre profonde hostilité aux thèses nocives empreintes de naturalisme, d’immanentisme, de libéralisme et de modernisme, qui se sont infiltrées lors du concile Vatican II, et qui traversent l’ensemble de ses actes frappés par de nombreuses et évidentes erreurs doctrinales. La plupart des textes conciliaires étant, fort heureusement, des « constitutions pastorales » couvertes du seul magistère ordinaire (donc non infaillible) de l’Eglise, comme l’a bien expliqué le pape Paul VI : « étant donné le caractère pastoral du concile, il a évité de prononcer d’une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de l’autorité du magistère ordinaire suprême ; ce magistère ordinaire et manifestement authentique doit être accueilli docilement et sincèrement par tous les fidèles, selon l’esprit du concile concernant la nature et les buts de chaque document. » [Paul VI, 12 janvier 1966 ; DC, 1966, col. 418-420], nous nous autorisons donc, légitimement, à en refuser les conclusions erronées, et à en dénoncer les fruits extrêmement vénéneux, rejoignant l’analyse critique de Jean-Paul II, lorsque, dans un bref instant de lucidité, parlant des conséquences du concile, il écrivit : « des idées contredisant la vérité révélée et enseignée depuis toujours ont été répandues à pleines mains ; de véritables hérésies ont été propagées dans le domaine dogmatique et moral, créant des doutes, des confusions, des rébellions […] même la liturgie a été manipulée » (Discours au 1er congrès national sur les missions populaires, 6 février 1981 [DC, 1981, 346]. Ceci dit sans oublier le terrifiant aveu de Paul VI qui ira jusqu’à parler d’une influence satanique qui fit suite à Vatican II : « La fumée de Satan s’était répandue dans le Temple de Dieu à la suite du Concile Vatican II. On croyait qu’après le concile le soleil aurait brillé sur l’histoire de l’Église. Mais au lieu de soleil, nous avons eu les nuages, la tempête, les ténèbres, la recherche, l’incertitude ». (Paul VI, Homélie du 29 juin 1972).

[2] Quelques uns ont pu, naïvement, considérer faute de disposer d’arguments plus sérieux, que les virulentes critiques exprimées par nos soins, dans la mesure où nous avions fait le choix, bien évidemment parfaitement conscient pour diverses raisons qui nous appartiennent, d’oeuvrer sous couvert d’un pseudonyme, relevaient d’une attitude discutable. Rappelons que l’anonymat (du grec anonymos « sans nom » ), désigne précisément la qualité de ce qui est « sans nom » ou plus exactement « sans renommée », c’est-à-dire l’état d’une personne qui se refuse à être connue pour son activité, d’écriture en particulier, en écartant le piège de la célébrité narcissique qui menace toujours, y compris, même et surtout, les meilleures intentions. Ainsi cette absence de renommée, soit cet « anonymat », est une garantie pour nous de pouvoir toujours disposer d’une entière liberté de ton, en étant lié par aucune nécessité ni en dépendance d’une raison mondaine. Par ailleurs, sachant avec quelle vitesse vient se glisser dans l’écriture sa compagne éternelle, soit la complaisante vanité qui, comme le précisa La Rochefoucauld, « si elle ne renverse pas entièrement les vertus, du moins elle les ébranle toutes » , nous savons trop combien il importe de se garder des pièges dans lesquels croupissent les actuels littérateurs prétendument « chrétiens », si généreux de leur identité au point de chercher à l’imposer de toutes parts oeuvrant, avec une rare énergie visible et un touchant dynamisme, à faire figurer leurs noms sur le moindre petit bout de papier imprimé. D’autre part connaissant plus qu’il n’est nécessaire, les vices d’une nature corrompue depuis l’orgueil d’Adam qui, pleine d’artifices, « trompant, n’a jamais d’autre fin qu’elle‑même, travaille pour son intérêt, et calcule le pro­fit qu’elle peut tirer d’autrui, reçoit de bonne grâce les honneurs et les respects, craint la confusion et le mépris, a des yeux pour les biens du temps, se réjouit d’un gain terrestre, s’afflige d’une perte, et s’irrite d’un seul petit mot d’injure, fait tout pour le gain et l’intérêt propre ; ne peut rien faire de désintéressé ; mais pour ce qu’elle fait de bien, elle espère recevoir ou autant ou mieux, ou la faveur, ou des louanges; elle souhaite vivement que l’on estime ce qu’elle fait, ce qu’elle donne, ce qu’elle dit, sourit aux puissants, flatte les riches, et applaudit à ses sem­blables, prompte à se plaindre de ce qui l’offense, rapporte tout à elle – pour elle, elle combat et discute – elle veut se montrer et toucher à tout, elle veut être connue, et s’attirer les louanges et l’admiration », nous nous prévenons contre cette photographie très réaliste et exacte de la nature humaine qui nous la montre prise sur le fait, et nous conduit donc à nous maintenir à distance de ses menaçants artifices. Enfin, détail fort intéressant s’il en est, cette photographie est bien anté­rieure à la photographie moderne, puisque l’auteur de ce tableau n’est guère connu, et n’a absolument pas cherché à l’être, puisque c’est l’auteur, « ANONYME », de L’Imitation de Jésus-Christ.

[3] Le Saint Père Benoît XVI a encouragé l’œuvre d’apostolat en ces termes : « …comme aux commencements, aujourd’hui aussi le Christ a besoin d’apôtres prêts à se sacrifier eux-mêmes. Il a besoin de témoins, prêtres ou laïcs, et de martyrs comme saint Paul: autrefois violent persécuteur des chrétiens, lorsque sur le chemin de Damas il tomba à terre ébloui par la lumière divine, il passa sans hésitation du côté du Crucifié et il le suivit sans regret. Il vécut et travailla pour le Christ; pour Lui, il souffrit et il mourut. Combien son exemple est aujourd’hui d’actualité ! » (Homélie du Pape Benoît XVI, 28 juin 2007, à Saint-Paul Hors-les-Murs)

[4] « L’idéologie des Droits de l’Homme, le libéralisme, n’est pas une hérésie ordinaire, c’est l’hérésie propre, personnelle de Satan, puisqu’elle consiste, pour la créature, à usurper à son profit l’indépendance et la souveraineté qui n’appartiennent qu’à Dieu, de toute éternité, et dans l’ordre des temps à Notre Seigneur Jésus-Christ. (…) On voit par là en quoi le libéralisme moderne diffère de tout ce qui l’a précédé en fait de révolte et de péché. C’est le péché lui-même, le dernier terme et le plus haut degré du péché. Le libéralisme appelle “l’homme de péché”, il prépare les voies à l’Antéchrist. “Suivre le courant”, c’est à quoi se résument ces fameuses inventions et ces grandes fiertés du Libéralisme catholique. Le libéralisme “catholique” n’est autre chose, en effet, que l’esprit révolutionnaire cherchant à s’introduire dans l’Eglise elle-même.» (Pie IX, Déclaration du 18 juin 1871, Société de Saint-Augustin, Desclée De Brouwer et Cie, Paris 1899, p. 223)

[5] L’erreur anthropologique et théologique de Jean-Paul II provient d’une conception phénoménologique erronée qui consiste en une inexactitude christologique dont la gravité est extrêmement importante sur le plan des conséquences puisque, dans sa vision, se servant de la dualité des natures dans Jésus-Christ, le théologien Karol Wojtyla en est arrivé à inférer en vertu de la “communication des idiomes ”, les attributs de la nature divine à la nature humaine dans le Christ, pour ensuite considérer qu’ils lui appartiennent en propre, et donc, par cette appartenance, l’étendre à tout homme en tant qu’il est homme – ce qui apparente objectivement cette position aux visions panthéistes, et ramène les positions de l’Eglise conciliaire au new âge. Jean-Paul II cherchera de nombreuses fois à dissimuler la nouveauté de sa pensée, en citant inlassablement afin de conférer un vernis de crédibilité à ses thèses, une phrase du paragraphe 22 de la Constitution conciliaire « Gaudium et Spes » selon laquelle « le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme par son Incarnation ». Mais ce que l’on ignore c’est que cette phrase a été introduite dans le schéma conciliaire sur proposition de Mgr Karol Wojtyla lui-même, alors archevêque de Cracovie ! De la sorte en citant continuellement « Gaudium et spes 22, 2 », faute de trouver le moindre fondement à une telle pensée dans la Sainte Écriture ou dans les Pères de l’Église, Jean-Paul II, tout au long de son pontificat, se citait donc lui-même !

[6] La déification promise à l’homme et dont parlent les pères de l’Eglise, n’a rien à voir avec une divinisation de l’état naturel, et s’obtient par deux critères essentiels :

– Le baptême, la naissance à la « vie surnaturelle », puis la sanctification par les sacrements, la prière, etc.

– Le temps, sachant que les promesses du Christ affirmant que nous verrons Dieu sans voile et participerons de sa vie, promesses réelles et magnifiques évidemment, ne portent et ne parlent que de notre état post mortem, non sur la glorification de notre nature humaine présente, misérable et pécheresse, ici-bas vivant en un monde livré aux puissances du « Malin » (I Jean 5, 19).

[7] De son vrai nom Ulrich Megerle, Abraham a Sancta Clara est né le 02 juin 1644 à Kreenheinstetten près de Messkirch en pays de Bade. Entré en 1662 dans le couvent des Augustins déchaussés (Barfüsser-Augustiner), et après avoir vécu sept ans à Graz, il commence sa carrière de prédicateur à la chaire de l’église des Augustins de Vienne en 1669 et la continue sans interruption jusqu’à sa mort le 1er décembre 1709. En plus de ses sermons il a publié plusieurs ouvrages dont le principal est : Judas der Erzschelm (Judas, l’infâme), publié entre 1686. Au moment où les Turcs menacent directement Vienne en 1683 il publie : Auf, auf ihr Christen ! (Levez-vous ô Chrétiens). Cet écrit a servi de base à la Kapuzinerpredigt (le sermon du Capucin) inclus dans la pièce Wallensteins Lager de Schiller.