Les raisons théologiques de l’antisionisme chrétien
Benoît XV (1854-1922)
« Les Juifs n’ont aucun droit de souveraineté sur la Terre Sainte.»
Les tragiques événements actuels qui se déroulent en Palestine, nous portent à rappeler quels sont les fondements de l’antisionisme chrétien sur le plan théologique, montrant le caractère profondément inacceptable de cette occupation de la Terre Sainte par un Etat laïc, usant de la force militaire et de la violence criminelle, au prétexte d’une prétendue « promesse divine » lui donnant une imaginaire propriété sur une zone géographique qui n’est en rien dévolue par Dieu aux présents occupants qui dominent en Israël de nos jours.
Rappelons que l’État Juif de l’antiquité, après la destruction du Temple et la dispersion du peuple par l’Empire romain suite aux révoltes de l’an 70 et de l’an 135, a été détruit par Dieu, en punition des péchés du peuple hébreu. De ce fait pour l’Eglise, seul le Messie de Dieu, lors de son second avènement, pourra rétablir le royaume d’Israël et les juifs sur leur terre [1].
L’Eglise conteste, pour des raisons théologiques, l’idée d’un Etat Juif,
tel qu’il fut constitué selon les modalités de sa création par les sionistes,
c’est-à-dire par les hommes et non par la volonté divine.
Ainsi, l’Eglise conteste, pour des raisons théologiques, l’idée d’un Etat Juif, tel qu’il fut constitué selon les modalités de sa création par les sionistes, c’est-à-dire par les hommes et non par la volonté divine. Car le Retour des juifs en Terre Sainte principalement après la seconde guerre mondiale bien qu’engagé bien des années auparavant, ne fut pas de l’ordre du miracle, ce « mouvement », ne relève pas d’une origine divine, il fut, conjointement, une entreprise de brigandage et de terrorisme de haut niveau qu’il serait fastidieux de décrire en son ensemble, et la conséquence d’un immoralisme frappé de l’Étoile de David.
Certes Notre Seigneur dans les Ecritures parle du retour en Terre Sainte des Juifs (Luc XXI, 24), bien qu’il convienne de voir ce qu’il faut entendre par là [2], mais jamais d’un retour obtenu dans les horribles conditions qui accompagnèrent le mouvement sioniste. Nous sommes là en présence d’une histoire, caricaturale, parodique, immorale, antéchrist et, autant dire le mot : satanique !
Jamais en effet, l’élection du peuple Juif ne lui donne pour mission de devoir reconquérir, comme une sorte de profanation incroyable, la Terre Sainte par les armes, l’occupation militaire et l’oppression criminelle des peuples de la région. On ne peut trouver à tout ceci aucune justification théologique et aucune trace dans l’Ecriture. Ce qui est donc certain, c’est qu’il n’y a aucune dimension spirituelle et divine dans le projet sioniste. Ni dans son intention (vision matérialiste, athée, laïque, raciale), ni dans ses méthodes scandaleuses (meurtres, attentats, violences, oppressions, spoliations, humiliations, etc.). Dieu, fut et est totalement absent du plan actuel d’occupation de la Palestine par les Juifs.
Dieu est absolument étranger aux abominations criminelles
perpétrées par les terroristes sionistes
qui précédèrent la création de l’Etat d’Israël en 1948 !
N’oublions-pas, qu’afin d’occuper les territoires palestiniens et de créer l’Entité sioniste, des bandes de sionistes armés pratiquèrent, de 1937 jusqu’en 1948 (date de création de l’Etat d’Israël), une longue série de crimes qui furent commis pour semer la terreur au cœur des Palestiniens afin qu’ils quittent leurs domiciles, leurs biens, leurs terrains, enfin leur patrie. La longue liste attristante et terrifiante, accumulant horreurs sur horreurs, donne le vertige, et montre que Dieu est absolument étranger à ces abominations, et il faut la naïveté, tournant le plus souvent à l’aveuglement volontaire et à la mauvaise foi de certains courants chrétiens piégés par une interprétation fautive de l’Ecriture, pour oser prétendre que le retour des Juifs en Palestine est une oeuvre divine ! [3]
Ceci explique pourquoi Saint Pie X, dès 1904, déclarait fermement à Theodor Herzl [4], père fondateur de l’idéologie sioniste, en prévoyant parfaitement ce à quoi conduirait comme folies meurtrières ce projet humain et politique de « retour » avec pour finalité la création d’un Etat hébreu :
« Nous ne pourrons pas empêcher les Juifs d’aller à Jérusalem, mais nous ne pourrons jamais les y encourager. Le sol de Jérusalem n’a pas toujours été sacré, mais il a été sanctifié par la vie de Jésus. Les Juifs n’ont pas reconnu Notre Seigneur et nous ne pourrons donc pas reconnaître le peuple juif. Non possumus. » (Saint Pie X, 25 janvier 1904, Cité du Vatican).
Cette position fut ensuite reprise et réaffirmée par Benoît XV , qui souligna de façon extrêmement explicite : « Les Juifs n’ont aucun droit de souveraineté sur la terre sainte.» (Note en marge de la déclaration de Belfort 1917).
De même, dans une allocution du Consistoire le 10 mars 1919, Benoît XV exprima clairement son anxiété au sujet du plan qui devait créer en Palestine une situation privilégiée en faveur des juifs et « livrer » les monuments chrétiens à des non chrétiens – le 13 juin 1921, il s’alarmait du fait que « les Juifs ne viennent à se trouver en Palestine en position de prépondérance et de privilège ». Plus tard, il insista d’ailleurs fortement pour que les droits de l’Eglise catholique et de toutes les Eglises chrétiennes en Palestine soient scrupuleusement sauvegardés (13 juin 1921).
Mgr Luigi Barlassina (1894-1947)
Patriarche latin de Jérusalem
« ...L’intention du Sionisme est la conquête de la Palestine.
En vue d’en arriver à leurs fins, les Sionistes recourront à n’importe quel moyen.
ils sont, en réalité, les maîtres de la Palestine, faisant les lois,
et imposant leur volonté à toute la population.»
C’est dans ce contexte qu’en avril et mai 1922, le Patriarche Latin de Jérusalem, Mgr Barlassina, se rendit à Rome, et fit une conférence très remarquée dans laquelle il disait ceci :
« ...L’intention du Sionisme est la conquête de la Palestine. En vue d’en arriver à leurs fins, les Sionistes recourront à n’importe quel moyen. Protégés par les autorités britanniques, ils sont, en réalité, les maîtres de la Palestine, faisant les lois, et imposant leur volonté à toute la population. Les catholiques, les musulmans, et même les Israélites orthodoxes sont soumis à des vexations innombrables. ...ils ont à leur disposition de grandes sommes d’argent envoyées par les organisations sionistes... principalement par celles des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. Avec cet argent, ils achètent les terres des pauvres musulmans ruinés par la guerre; ils fondent des écoles et parfois corrompent la conscience morale…. Comme des rapports fondés le prouvent, l’intention des Sionistes est d’exproprier peu à peu les Arabes et les chrétiens… Pour accroître le nombre de leur coréligionnaires, ils organisent l’immigration vers la Palestine de juifs russes, presque tous bolcheviques. Non moins fatale est l’oeuvre d’immoralité des Sionistes; depuis qu’ils sont devenus les maîtres de la Palestine, elle s’est terriblement répandue dans cette terre, baignée par le sang de Jésus-Christ. Des maisons-closes se sont ouvertes à Jérusalem, Haïfa, Nazareth… des femmes de mauvaise vie pullulent partout, et de honteuses maladies se répandent. Aujourd’hui, quelle est la condition des catholiques en Palestine? Subversivement, mais systématiquement, les Sionistes les accablent de toutes les vexations possibles. » (Civilta Cattolica, vol. 2, 1922, pp. 461-462).
Pie XII
« Les chrétiens ont le droit d’exercer un contrôle absolu sur leurs lieux de prière. »
(Auspicia Quaedam,1948)
Après la seconde guerre mondiale, alors que l’on assistait à une installation massive des Juifs en Palestine dans des conditions scandaleuses à l’égard des populations locales, de nouveau le pape Pie XII ne fit pas moins de sept interventions dans des Encycliques, des discours et des messages sur la question de Jérusalem, soulignant que les « Lieux Saints devaient être préservés, que les fidèles devaient y avoir libre accès sans danger, et que les chrétiens avaient le droit d’exercer un contrôle absolu sur leurs lieux de prière. » (Auspicia Quaedam, 1 mai 1948)
Toujours dans « Auspicia Quaedam », Pie XII faisait cette demande : « Faisons en sorte que la religion, défenseur de toutes les vertus, puissent jouir de la liberté qui lui est due. Et faisons en sorte que le travail pacifique des hommes – placé sous les auspices de la justice et de l’élan divin de la charité – produise d’abondants fruits pour le bien de tous ». Puis, en faisant référence aux Lieux Saints, le Pape appelait à prier afin que « la situation en Palestine puisse enfin être résolue dans la justice, et que la paix et la concorde puissent enfin triompher ».
Par la suite, dans son Encyclique « Redemptoris nostri », en date du 15 avril 1949, Pie XII invitait une nouvelle fois chacun, et en premier lieu les catholiques du monde entier, à s’engager à « persuader les gouvernants des nations, et ceux dont le devoir est de régler cette importante question, à garantir à la Ville Sainte et à la région environnante un statut juridique approprié, dont la stabilité ne peut être assurée que par un accord commun entre les nations qui aiment la paix et respectent les droits des autres. » Ceci avait surtout pour but, de dénier aux sionistes leur prétention à l’autorité sur les Lieux Saints, et plaider en faveur de l’internationalisation de Jérusalem.
Nous le voyons, l’Eglise d’avant Vatican II dans sa sagesse, malgré les assurances que Theodor Herzl apportait à saint Pie X quant au statut des Lieux saints, opposera toujours le fameux « non possumus » qui fut la réponse catholique traditionnelle dans son attitude face au sionisme et à l’Etat d’Israël ; une attitude antisioniste fondée sur le refus théologique durable d’un retour des Juifs sur leur terre ancestrale obtenu sans le concours de la Divine Providence, mais par l’utilisation de moyens inacceptables et de méthodes indignes en contradiction complètes avec les lois de Dieu, dont les terribles conséquences n’ont de cesse de produire les fruits pervers dont une constante actualité nous montre les redoutables effets.
Notes.
[1] Rappelons que la position d’hostilité de l’Eglise à l’égard de la prétention à la possession des lieux saints par les Sionistes, participe d’une compréhension attentive de l’Histoire Sainte et du peuple Juif, beaucoup plus complexe que certains, dans leur naïveté, ne l’imaginent. En effet, y avait en réalité deux royaumes chez les Juifs de l’Antiquité : celui de Jacob (Israël) et celui de Juda. D’après l’oracle de Jacob dans le livre de la Genèse, le sceptre de l’autorité ne devait en aucun cas être retiré à Juda, jusqu’à ce que vienne celui qui était considéré comme « l’attente des nations, c’est-à-dire le Messie. De fait, le royaume de Juda a toujours eu la primauté sur celui d’Israël, et en même temps, ce qui est paradoxal, l’indépendance de Juda n’a vraiment existé qu’à la fin, pendant une courte période de quatre-vingts ans, de 142 à 63 avant J-C, entre la fin de la domination séleucide et le commencement de la domination romaine. Ainsi, lorsque les juifs firent appel à Pompée en 66 av. J-C, ils déclarèrent qu’ils ne souhaitaient plus avoir de roi. Ainsi se réalisait la prophétie, car Jésus Christ est venu juste après que le sceptre fût enlevé à Juda. Si l’on comprend la prophétie comme saint Augustin l’expose clairement dans La Cité de Dieu, elle s’est également réalisée en tous points, signifiant concrètement qu’il y aurait des rois en Juda avant la venue du Messie, mais qu’ils disparaîtront définitivement après sa venue. Or, la prophétie s’est réalisée de façon très frappante, car les juifs n’ont vraiment eu de rois que pendant quatre-vingts ans (tous n’étant d’ailleurs pas juifs). Ainsi, après la domination des Babyloniens, puis des Perses, des Grecs, et enfin des Séleucides, les Juifs ont eu juste assez de rois pour que la prophétie se réalise, et cela au moment prédit, c’est-à-dire juste avant la venue du Christ. Après la mort de Jésus Christ (vers 30), les Juifs se sont entretués dans une guerre atroce. Vespasien, proclamé empereur par les légions à Alexandrie, envoya son fils Titus en Judée, et l’armée romaine, en 70, rasa entièrement la ville, n’y laissant que trois tours et un mur. Le temple fut entièrement détruit et le sacrifice cessa définitivement. Cette destruction de la ville sainte fut un choc sans précédent depuis l’exil de 587 av. J-C, et marque la fin du royaume de Juda qui a cessé d’avoir un sens depuis la venue du Christ, ramenant les criminelles velléités Sionistes dont une constante actualité montre le fol entêtement, à une effective impiété du point de vue prophétique
[2] Que faut-il entendre sous le nom de « Retour des Juifs en Terre Sainte », tel qu’on le trouve dans l’Ecriture ? Quelle est donc cette terre évoquée par les Ecritures ? car une terre est bien indiquée dans les textes, même si les textes allégués prouvent qu’en réalité la « Terre Sainte » était promise aux Juifs pour toujours, mais à condition qu’ils demeureraient fidèles au Seigneur (indice qui aurait dû éveiller l’attention des sionistes), et que représente ce retour qui signalera la fin des temps, ou du moins du « temps des nations » pour reprendre l’expression de l’évangile de Luc (Luc XXI, 24) ? La réponse est simple, tellement simple et chrétienne, en correspondance avec la vérité de la Révélation si l’on n’en reste pas à une lecture littérale et charnelle du texte sacré, mais que l’on sait atteindre son sens spirituel et religieux véritable, qu’elle n’est même pas parvenue à la conscience prétendument catholique des sionistes.
La voici :
La « Terre » où Israël converti et repenti de ses péchés sera ramené n’est autre que l’Église de Jésus-Christ, 1’Église catholique, apostolique et romaine. C’est elle qui est la vraie Terre promise en ce monde ! Sous le nom de « terre », comme le démontre parfaitement Mgr Augustin Lemann (1836-1909), dans L’Avenir de Jérusalem, livre magnifique écrit par un Juif hautement instruit de la signification de son baptême, explique ceci :
« Le retour en Palestine des juifs et la fondation d’un nouvel État juif, c’est la future catholicité de l’Église du Christ qui est prédite sous ces figures. Si quelques détails de la belle description de cet âge d’or se sont réalisés pour les Juifs après la fin de la captivité de Babylone, la prospérité qu’elle annonce ne peut convenir qu’à l’Israël spirituel, à l’Église chrétienne, où les vertus fleurissent sans cesse, et où les travaux et les succès des hommes apostoliques se succèdent sans interruption. C’est donc en vain que les Juifs charnels se promettent que cette prophétie aura un jour, pour eux, un accomplissement littéral conforme aux désirs terrestres de leur cœur. » (A. Lemann, L’Avenir de Jérusalem, espérance et chimères, 1901).
[3] La liste des actes barbares accumulant horreurs sur horreurs, qui participèrent de la fondation de l’Etat hébreu en 1948, est hallucinante :
- Massacre de Haïfa : il fut perpétré le 6 mars 1937, dans le marché de la ville. Un membre des bandes Alatsel et Lihi lança une bombe sur des Palestiniens pour en tuer 18 et en blesser 38 autres.
- Massacre d’Al-Quds : il fut perpétré le 31 septembre 1937, dans le marché de légumes de la ville. Un membre de l’organisation terroriste sioniste d’Alatsel lança une bombe sur le marché avoisinant le portail de Naplouse. Des dizaines de Palestiniens y périrent et tant d’autres furent blessés.
- Massacre de Haïfa : il fut perpétré le 15 juillet 1937, dans le marché de la ville. Les terroristes de la bande Alatsel firent exploser deux voitures piégées. 21 Palestiniens tombèrent en martyre ; 52 autres furent blessés.
- Massacre d’Al-Quds : il fut perpétré le 15 juillet 1938. Un membre de l’organisation terroriste sioniste Alatsel lança une bombe sur des croyants palestiniens qui quittaient une mosquée de la ville. 10 personnes y laissèrent la vie et 3 autres furent blessées.
- Massacre de Haïfa : il fut perpétré le 25 juillet 1938, dans un marché de la ville. Les terroristes de la bande Alatsel firent exploser une voiture piégée, dans le marché arabe de la ville. 25 Palestiniens tombèrent en martyre ; 70 autres furent blessés.
- Massacre de Haïfa : il fut perpétré le 28 juillet 1938, dans un marché de la ville. Un terroriste de la bande Alatsel y lança une grenade pour tuer 47 Palestiniens.
- Massacre d’Al-Quds : il fut perpétré le 26 août 1938, dans le marché arabe de la ville d’Al-Quds. La bande Alatsel fit sauter une voiture piégée pour tuer 34 Palestiniens et en blesser 35 autres.
- Massacre de Haïfa : le 27 mars 1939, deux bombes furent explosées par la bande d’Alatsel pour assassiner 27 Palestiniens et en blesser 39 autres.
- Massacre du village Al-Cheikh : 12 juin 1939, des membres de l’organisation terroriste Haganah attaquèrent ce village du sud-est de la ville de Haïfa. Ils enlevèrent cinq de ces habitants pour les tuer plus tard.
- etc….ceci jusqu’en 1948.
Il s’agit donc d’un plan de guerre (discuté dans les années 30 et constamment mis à jour) destiné à prendre le contrôle des institutions mandataires dès leur évacuation par les Britanniques, et de la destruction des centres névralgiques de l’économie palestinienne, de leurs récoltes, commerces, moyens de communications, afin de rendre impossible toute vie économique et sociale chez les Palestiniens. Ce plan, selon l’historien israélien Benny Morris, recommandait le « nettoyage » des villages palestiniens.
Résultat de ce plan :
– 400 villages palestiniens ont été totalement rasés pour rendre impossible leur retour et effacer de la mémoire du monde toute trace de ce crime de masse.
– 750 000 Palestiniens, estimation basse et néanmoins officielle de l’ONU, ont été chassés de leurs terres.
– 78% des terres de la Palestine mandataires sont passées aux, juifs ; ils n’en possédaient que 7,6% en 1947.
– 5000 comptes en banque, des têtes de bétails et autres biens ont été confisqués et officialisés par une loi de 1950 sur « les biens des absents. »
(Cf. M. Bar-Zohar, The Armed Prophet, biographie de Ben Gourion, Londres, 1967, et I.Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, 2008).
[4] Theodor Herzl, qui rencontra saint Pie X, multipliera les contacts avec les chefs d’État, le sultan Habdul-Hamid III, l’empereur Guillaume II et le ministre britannique Joseph Chamberlain. En 1903, celui-ci lui offrira même d’installer l’État juif en Afrique, sur le territoire de l’Ouganda, alors possession britannique. Theodor Herzl, absolument insensible à la composante religieuse du sionisme et craignant de ne jamais avoir gain de cause en Palestine, se saisira sans tarder de cette offre. Il sera suivi par Éliezer Ben Yéhouda, le créateur de l’hébreu moderne, et par le mouvement religieux ultranationaliste Mizrahi. Il réunit donc à Bâle, en août 1903, un VIe Congrès sioniste et annonce aux délégués : «J’ai une grande surprise pour vous : Sa Majesté, le souverain de l’empire britannique, vous offre un cadeau, l’Ouganda !»
La Question : Qui sommes-nous ?
L A Q U E S T I O N
« La Question » est un collectif, ou plus exactement une « société spirituelle » constituée autour d’un projet religieux, vouée à la défense de la Tradition et des vérités de la sainte religion chrétienne – ne cachant pas ses sympathies pour l’œuvre de Mgr Lefebvre (1905-1991) et de l’abbé Georges de Nantes (1924-2010) – société établit selon le modèle des confréries de Pénitents [1] ou de la Compagnie du Saint-Sacrement [2], dont l’objet est de se consacrer, non à la charité et à l’assistance des prisonniers ou des mourants, mais à la critique théorique de la désorientation des mœurs, la dénonciation des doctrines impies, la stigmatisation rigoureuse de l’erreur, tout en oeuvrant à la propagation de la Foi et au rayonnement de l’Evangile, dans le rappel constant de la doctrine catholique et l’absolue conformité aux enseignements de l’Eglise [3]
C’est pourquoi, dans la fidélité aux principes des anciennes confréries pieuses de Pénitents ou de la Compagnie du Saint-Sacrement, nous œuvrons sur La Question de façon anonyme, afin que nul ne se glorifie de ses oeuvres et que toujours tous s’humilient pour la plus grande Gloire de Dieu, instituant le secret qui est l’âme de La Question comme il fut « l’âme de la Compagnie du Saint-Sacrement, car il permet notamment de libérer les œuvres des méfaits de l’amour propre » [4], tel Dieu caché en Jésus-Christ.
Le secret est l’âme de La Question
comme il fut celui de la Compagnie du Saint-Sacrement,
car il permet « de libérer les œuvres des méfaits de l’amour propre ».
Nous suivons donc avec respect les recommandations du père Bourdaloue (1632-1704), qui vantait la nécessité du sacrifice de la personnalité pour le chrétien dans son action en ces termes :
«Humilions-nous, mais sincèrement, mais profondément, et notre humilité vaudra mieux pour nous que les plus grands talents, mieux que tous les succès que nous pourrions avoir dans les emplois même les plus saints et dans les plus excellents ministères, mieux que tous les miracles que Dieu pourrait opérer par nous : comment cela ? parce que l’humilité et le secret seront pour nous une voie de salut beaucoup plus sûre. Plusieurs se sont perdus par l’éclat de leurs talents, de leurs succès, de leurs miracles : nul ne s’est perdu par les sentiments dune vraie et solide humilité. » (Cf. Pensées diverses sur l’orgueil et l’humilité, t. I. 1733).
Ainsi, nous nous effaçons volontairement, en nous refusant même à l’utilisation de pseudonymes qui pourraient encore constituer une forme déguisée de vanité [5], et nous nous retranchons, symboliquement et volontairement derrière l’humble robe et l’austère cagoule de l’intitulé générique : « La Question », nous mettant à distance du siècle afin que disparaissent nos individualités pour la plus grande gloire de Dieu, abandonnant entièrement nos identités mondaines en nous soumettant à la proclamation des Pénitents noirs de la « Confrérie de la Sainte-Croix et de la Miséricorde » [6]
« O Crux Ave Spes Unica ! »
Par ailleurs, conscients du rôle bénéfique que joua la Sainte Inquisition pour la préservation de la chrétienté en lui évitant d’être corrompue par le poison des idées révolutionnaires et le libéralisme [7], nous ne craignons pas de revendiquer ce saint Tribunal comme le modèle même de ce que doit être notre action – ceci expliquant notre intitulé : « La Question », sachant le rôle salvifique que joua l’examen des hérétiques et des ennemis de la foi pour la purification des âmes et la préservation de la vérité – n’hésitant pas sur ce point, comme en bien d’autres, à nous affirmer disciples de Joseph de Maistre, notamment lorsqu’il déclarait :
« Il n’y a rien de si juste, de si docte, de si incorruptible que la sainte Inquisition, et si, à ce caractère général, on ajoute encore celui du sacerdoce catholique, on se convaincra, avant toute expérience, qu’il ne peut y avoir dans l’univers rien de plus calme, de plus circonspect, de plus humain par nature que le tribunal de l’Inquisition. Dans ce tribunal établi pour effrayer l’imagination, et qui devait être nécessairement environné de formes mystérieuses et sévères pour produire l’effet qu’en attendait le législateur, le principe religieux conserve néanmoins toujours son caractère ineffaçable. Au milieu même de l’appareil des supplices, il est doux et miséricordieux, et parce que le sacerdoce entre dans ce tribunal, ce tribunal ne doit ressembler à aucun autre. En effet, il porte dans ses bannières la devise nécessairement inconnue à tous les tribunaux du monde, MISERICORDIA ET JUSTITIA. » (Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, Lettre II, 1815.)
« Il n’y a rien de si juste, de si docte, de si incorruptible
que la Sainte Inquisition »
De la sorte, alors que le siècle est entièrement livré aux mains des puissances de l’Enfer accélérant sa course démentielle vers une désorientation de plus en plus marquée, et que la société apostate, pécheresse et criminelle, depuis la terrible Révolution satanique et antichrétienne de 1789, se précipite vers un abîme qui prend de plus en plus le visage de l’ignoble décadence contemporaine conduisant les âmes à leur perdition éternelle, nous brandissons avec force et conviction l’étendard de la Vérité catholique au seuls noms sacrés de :
« Justice et Miséricorde » !
Notes.
1. C’est en 1267, à Rome, que Saint Bonaventure créa la « Confrérie du Gonfalon ». L’habit célèbre qu’attribua ce saint fondateur à cette Confrérie, deviendra la marque générale des Pénitents. La cagoule couvrant le visage en signe d’humilité, symbolisant l’égalité de tous devant la mort, contribuant à l’anonymat du pénitent en masquant les traits de son visage, la corde relevant de la discipline et de du renoncement
2. La Compagnie du Saint-Sacrement fut fondée en 1627 par le duc de Ventadour. Sa mission se résumait à cette volonté : « faire tout le bien possible et éloigner tout le mal possible ». La Compagnie, qui fonctionnait comme une véritable confrérie chacun s’adonnant à la prière pour le salut des confrères défunts les morts agissant en intercession dans le Ciel pour les vivants, était pour ses membres un moyen de sanctification et toutes ses actions, menées discrètement, étaient vouées uniquement à cela. Bossuet exprima en 1652, le projet de la Compagnie du Saint-Sacrement : « bâtir Jérusalem au milieu de Babylone ».
3. Nous n’oublions pas que le réseau internet dans lequel nous intervenons, loin d’être un espace neutre, est une matrice virtuelle éminemment perverse qui a été pensée et réalisée par des individus dénués de religion, qui voulurent, par le truchement de cet accélérateur général de l’information de toute nature, surtout la plus abjecte, immonde et ténébreuse, précipiter plus rapidement encore l’avènement d’un monde sans-Dieu globalisé, immoral, blasphématoire, vidé et coupé de tous fondements traditionnels, c’est-à-dire esclave du démon.
4. A. Tallon, La Compagnie du Saint-Sacrement, 1629-1667, Cerf, 1990, p. 65.
5. Les membres de La Question, ne s’interdisent cependant pas parfois, à titre privé, d’exprimer leurs analyses et défendre les positions de la Tradition s’ils le souhaitent, ou lorsque cela s’avère nécessaire voire utile. Mais ils le font toujours, lorsque cela se produit, non au titre de La Question mais uniquement en leur nom propre.
6. Joseph de Maistre (1753-1821), fut membre de la « Confrérie de la Sainte-Croix et de la Miséricorde », fondée en 1594 par saint François de Sales érigée en la ville de Chambéry et unie à celle de saint Jean Decolat de Rome par Clément VIII, plus connue sous le nom de « Pénitents Noirs » de par la haute cagoule de velours noir, ne laissant apparaître que les yeux, qui couvrait le visage de ceux qui, en procession solennelle, revêtus d’un sac de toile défilaient nu-pieds un cierge dans une main et le chapelet dans l’autre. Au sein de la « Confrérie de la Sainte-Croix et de la Miséricorde », on apprenait à méditer sur les fins dernières et la misère de l’homme, et là, plus qu’ailleurs, était mis au centre de la pratique le memento mori, c’est-à-dire une authentique méthode de la pensée de la mort, qui, naturellement, mène à l’ars moriendi, cet « art » si particulier mais également si nécessaire qui insiste sur la préparation de chacun à la bonne mort par un regard jeté sur la fuite du temps, les tristes illusions du monde, et la vanité des choses d’ici bas.
7. En tant que doctrine constituée, le libéralisme a été radicalement censuré et condamné par l’Eglise, qui l’a qualifié sous les termes de « rationalisme » et de « naturalisme » – la condamnation la plus explicite de cette hérésie figure dans la Constitution « De Fide » du Concile de Vatican I, en 1870.
« Les modernistes sont les pires ennemis de l’Église,
et le modernisme l’égout collecteur de toutes les hérésies. »
(S. Pie X, Motu proprio Praestantia, 1907).
Le 1er septembre 1910 paraissait le motu proprio Sacrorum antistitum du pape saint Pie X sur les mesures pratiques contre le modernisme. Le 8 août de la même année était publié le décret Quam singulari sur l’âge de la première communion, suivi le 25 août de la lettre Notre charge apostolique condamnant les erreurs du Sillon.
Sacrorum antistitum reprenait les points principaux de l’encyclique Pascendi en s’opposant notamment à l’immanentisme et aux idées religieuses de Spinoza (1632-1677). Il fut durement critiqué par les libéraux jusqu’à sa suppression par Paul VI à l’époque du concile Vatican II.
La crise moderniste commence en fait au milieu du XIXe siècle, alors que le Syllabus (1864) et l’essai de Charles Darwin (1809-1882) – De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la Préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (1859) -, ont reconfiguré l’ensemble de l’intelligentsia européenne. Elle se prolonge jusqu’au milieu du XXe siècle et affecte durablement cinq pays d’Europe occidentale : l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, la France et l’Italie, tandis que le Canada francophone connaît à cet égard un sort spécifique.
N’oublions pas que la lutte contre le modernisme a été le grand combat du XXe siècle. Dans « Le Paysan de la Garonne », Jacques Maritain (1882-1973), peu suspect d’intégrisme, écrivit pourtant que le modernisme du temps de saint Pie X fut un simple rhume des foins au regard des dévastations de l’après-Concile… Corollaire politique de cette condamnation pontificale, la Lettre sur le Sillon soulignait que la véritable civilisation ne peut exister sans la vraie religion.
Son actualité est frappante alors que la France entre de plus en plus dans la barbarie !
Voici le texte du serment anti-moderniste contenu dans le Motu proprio Sacrorum antistitum, promulgué le 1er septembre 1910 par le pape Saint Pie X, que devait prononcer tout clerc lors de son ordination ou encore avant d’accéder à une chaire d’enseignement ou à un office ecclésiastique, et qu’il serait indispensable de rétablir aujourd’hui.
EXTRAITS DU SERMENT ANTI-MODERNISTE DE S. PIE X
Moi, N…, j’embrasse et reçois fermement toutes et chacune des vérités qui ont été définies, affirmées et déclarées par le magistère infaillible de l’Eglise, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps.
Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison « par ce qui a été fait » Rm 1,20 , c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.
Deuxièmement, j’admets et je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c’est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l’origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’ils sont tout à fait adaptés à l’intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d’aujourd’hui.
Troisièmement, je crois aussi fermement que l’Eglise, gardienne et maîtresse de la Parole révélée, a été instituée immédiatement et directement par le Christ en personne, vrai et historique, lorsqu’il vivait parmi nous, et qu’elle a été bâtie sur Pierre, chef de la hiérarchie apostolique, et sur ses successeurs pour les siècles.
Quatrièmement, je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des apôtres jusqu’à nous toujours dans le même sens et dans la même interprétation par les pères orthodoxes ; pour cette raison, je rejette absolument l’invention hérétique de l’évolution des dogmes, qui passeraient d’un sens à l’autre, différent de celui que l’Eglise a d’abord professé. Je condamne également toute erreur qui substitue au dépôt divin révélé, confié à l’Epouse du Christ, pour qu’elle garde fidèlement, une invention philosophique ou une création de la conscience humaine, formée peu à peu par l’effort humain et qu’un progrès indéfini perfectionnerait à l’avenir.
Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur.
[…]
Enfin, je garde très fermement et je garderai jusqu’à mon dernier soupir la foi des Pères sur le charisme certain de la vérité qui est, qui a été et qui sera toujours « dans la succession de l’épiscopat depuis les apôtres », non pas pour qu’on tienne ce qu’il semble meilleur et plus adapté à la culture de chaque âge de pouvoir tenir, mais pour que « jamais on ne croie autre chose, ni qu’on ne comprenne autrement la vérité absolue et immuable prêchée depuis le commencement par les apôtres.
Toutes ces choses, je promets de les observer fidèlement, entièrement et sincèrement, et de les garder inviolablement, sans jamais m’en écarter ni en enseignant ni de quelque manière que ce soit dans ma parole et dans mes écrits.
J’en fais le serment ; je le jure.
Qu’ainsi Dieu me soit en aide et ces saints Evangiles.
Lire pour un développement plus complet du sujet :
LE SERMENT ANTIMODERNITE DE SAINT PIE
OU LE VENIN SPÉCULATIF DE L’HÉRÉSIE MODERNE
FACE A LA DOCTRINE SACRÉE DE L’ÉGLISE